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Un coeur en aumône (extrait)

 Un coeur en aumône de Hank Vogel.jpgQuelques jours plus tard, Charly et Sharon se retrouvent par hasard ensemble au petit déjeuner. Ils sont en pleine activité communicative où les puretés et les impuretés jaillies des âmes peuvent engendrer sans  peine ni vergogne d’interminables fleuves comme d’infranchissables montagnes.

 - Et si je décidais de vous séduire? demande l’ex bagnard à sa pseudo colocataire, à un certain moment, d’un ton amusé. 

 - C’est déjà fait, répond-t-elle.

 - Comment  ça?

 - Si ce n’était pas le cas, je n’aurais pas accepté de travailler pour vous.

 - Vraiment?

 - Une femme ne s’avoue jamais perdante pour rien.

 - Que faire maintenant?

 - Il n’y a rien à faire.

 - On peut améliorer la situation.

 - Développez!

 - Je reconnais là l’étudiante...

 - Sans doute mais développez!

 - On pourrait... on pourrait...

 - S’accoupler, poursuit Sharon. C’est ça... auquel vous pensez, n’est-ce pas?

 - Pas tout-à-fait, pas comme ça, marmonne Charly tout gêné.

 - Ce n’est qu’une question de mise en scène, martèle-t-elle.

 - Pourquoi voir le mal partout? temporise-t-il. 

 - C’est la triste réalité.
 - Triste? Je ne vous comprends pas. Vous a-t-on fait dans votre enfance?

 - Et voilà les grands moyens!  On joue au docteur pour mieux et plus vite capturer sa proie.

 - Vous me jugez mal.

 - J’essaye de me protéger.

 - Je suis déçu. 

 - Il ne faut pas tout interpréter au premier degré.

 - Pourquoi sentons-nous le besoin de paraître?

 - Paraître?

 - Paraître n’est sûrement pas le mot juste.

 - Cela n’a aucune importance.

 Un silence extraordinaire s’installe. Où les signifiés et les signifiants refusent toute alliance. Où tout et rien se partagent le mêmes droits.

 Soudain, Sharon demande à Charly:

 - Connaissez-vous peut-être l’origine de mon prénom?

 - Pas du tout, pourquoi? répond-t-il d’un air surpris.

 - Pour rien mais on ne sait jamais. Les Sharon seraient fidèles en amour, d’après ce que l’on raconte... 

 - Quelle est donc cette origine? 

 - Une jeune et jolie bergère aurait donné son nom à une très très belle fleur d’une magnifique plante... vous voyez laquelle?

 - Le rosier?

 - Vous y étiez presque... Non, l’hibiscus.

 D’emblée, Charly se met à trembler et à transpirer tel un condamné à mort amerloque ou chinetoque juste avant de recevoir son injection létale si chère au Nazis.

 - Qu’y a-t-il? s’effraye Sharon. C’est une crise d’hypoglycémie ou... ou... Vous me faites peur!

 Mais heureusement cet situation cauchemardesque n’est que de courte durée.

 - Ne craignez rien, rassure-il. J’ai paniqué pour  trois fois rien.

 Et il ajoute avec humour:

 - J’ai dû apercevoir un loup en train de guetter la bergère derrière l’hibiscus.

 - Cela mérite tout de même un sérieux approfondissement ce soir, dit-elle toute souriante, en quittant la cuisine.

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