Interloqué par cet état de fait que je qualifierais plutôt de confusion relationnelle due à deux visions différentes voire opposées des choses, je déambule dans les couloirs comme un bagarreur qui vient de recevoir un coup de massue sur la tête.
C’est la première fois de ma vie que j’ai l’impression de ne plus toucher terre au sens propre et non pas au figuré.
Étrangement, je ne croise aucun de mes collègue sur mon chemin. Bien qu’aucun d’entre eux ne m’a été présenté...
Mais voilà: quand on parle du loup, on en voit la queue! En tenue identique à celle du directeur.
- Salut!
- Salut!
- C’est toi Charles Ducon?
- Ducoin.
- Pardon!... C’est le chef qui...
- A tendance à sauter une voyelle parfois... je suis au courant.
- Je ne comprends pas.
- Aucune importance! Et toi?
- Moi quoi?
- Tu t’appelles comment?
- Jacques Mourel. Jacky pour les copains...
- Et toi aussi, tu crèves de chaud, n’est-ce pas?
- Forcément. Pas toi?
- Non, parce que nous sommes le premier avril et non pas en plein été.
- C’est une blague ou quoi?
- Bien sûr que c’en est une!
- Alors? Tu n’oses pas... ou... ou...
- Ou quoi?
- Tu a peur qu’une de ces folles te saute dessus et t’accuse aussitôt d’agressions sexuelles ou davantage comme dans les studios de cinéma?
- Je n’ai jamais mis les pieds dans de tels endroits... Au fait, ce sont qui ces folles?
- Les pensionnaires féminines des cellules 1 à 15. Interdites aux novices.
- Je l’ai donc échappé belle.
- Tu es bien nouveau dans la maison, non?
- Si!
- Alors tu a échappé quoi?
- Non, rien, je voulais dire que je me suis égaré... C’est où le bureau du chef? Je dois m’y rende dare-dare.
- Au fond du couloir à droite après la salle de gym.
- OK, merci! A plus!
- A plus, camarade...