Durant toute la journée, sa surprenante proposition, suivie d’une conséquence encore plus surprenante, n’a pas cessé de tourner en boucle dans son ciboulot.
Soit, pour ceux qui ont la mémoire courte et les fans de la redondance:
- Sonne à ma porte ce soir, petit soldat de réserve! Ainsi, tu pourras enfin tirer ta première et vraie cartouche.
Alors, vers la fin du dîner, ou du souper dans certains pays francophones, je demande à ma mère, avec une pointe de colère:
- Où as-tu rangé mon pantalon du dimanche? Je ne l’ai trouvé nulle part.
- Je l’ai donné à un sans-abri, me répond-t-elle un peu gênée.
- Il s’agit bien de mon unique pantalon long?
- Oui, en effet.
- Merde alors!
- Tu ne l’a jamais porté et tu le détestais, je crois.
- Il n’y a aucune raison à ça.
- Si, il y en a une.
- Laquelle?
- Nous accumulons trop de choses dans nos armoires... qui ne nous servent plus à rien mais qui pourraient rendre service à ceux qui ont en terriblement besoin.
- OK, OK! Et je fais quoi maintenant?
- Tu n’as qu’à mettre les bermudas que je t’ai ramenés des Bermudes, me dit mon père, d’un ton ironique. Ça te rappellera ainsi peut-être ce vieux falzar offert et volé par ta chère tante adorée.
- D’où tu sors ça? interpelle la vieille à son vieux.
- Tout le monde est courant de ça, lui explique-t-il... Sauf toi!
- Depuis quand?
- Depuis que tes préoccupations sont ailleurs.
- Comment ça?
- L’enseignement de Sœur Emmanuelle, c’est du pipi de chameau à côté du tien...
- Spot! je crie... Tant pis, j’irai cul nu et la bite à l’air à mon rendez-vous galant. Une mauvaise étiquette de plus pour la famille mais pas pour moi.
Du coup, mes parents tombent en désuétude. Du jamais vu à mes yeux.
Alors, je murmure tout décontracté, avec un petit air de vengeance:
- Nouvelle génération, nouvelles méthodes.
Et je quitte la table...