Juste après avoir quitté mes amis de combat, dans la rue, voilà que mon portable se met à vibrer dans la poche arrière de mon pantalon.

 Je dégaine ou je ne dégaine pas? je me demande vu l’heure tardive.

 Et, forcément, étant donné également mon caractère éternellement soucieux ou mes traumatiques dus à la guerre, une armée de si chargés d’autres interrogations aussi absurdes qu’affolantes est en train d’envahir ma petite cervelle.

 - Halte là! je crie.

 - Ça va, jeune homme? s’inquiète un passant.

 - A merveille, merci, je murmure d’un air embarrassé.

 - Vous êtes certain?

 - C’est mon smartphone qui me fait des misères.

 - Mieux vaut alors le tuer avant qu’il morde!

 - Vous avez raison, lui dis-je en pensant qu’il doit être sourd le bonhomme.

 Et, pour ne pas l’effrayer, je lui tourne le dos, je sors gentiment mon mobile de la poche arrière de mon jeans... et je réponds:

 - Erik fils Arne, bonsoir ou bonjour!... A qui ai-je honneur?

 L’inconnu s’éloigne. 

 - C’est Raoul!

 - Raoul Aliev?

 - Non, Allah Akbar.

 - Ne plaisante pas avec ça!

 - Plus maintenant.

 - Tu es où?

 - Au Groenland. 

 - Ce qui explique tout.

 - Désolé, c’était maintenant ou jamais...

 - Je croyais que tu étais au mariage illégal de ton paternel... 

 - J’y étais avant. Avant mes mésaventures... bon bref! Mais, au fait, comment sais-tu que mon vieux est un fan des lois coraniques?

 - Parce que j’ai lu quelque part qu’en Azerbaïdjan, la polygamie n’est pas légale mais tolérée dans certaines régions...

 - Comme ailleurs avec le concubinage ou le fait d’avoir des maîtresses à gogo.

 - En effet!

 - Mais ça, ce n’est rien avec le fait de passer pour un terroriste et que l’on te mette en taule sans preuve pendant deux jours...

 - Où ça?

 - Aux États-Unis. En descendant de l’avion  en Floride.

 - Qu’est-ce que tu es allé fabriquer dans cette fournaise?

 - J’ai suivi mon oncle après les épousailles de mon cher papa. C’était un cadeau qu’il voulait me faire. C’est un homme très riche et très généreux...

 - Malgré cela, tu l’as eu dans le baba.

 - L’Amérique fait peur de nos jours. Nous étions plus libres et en sécurité chez nous à l’époque soviétique, n’est-ce pas?

 - En quelque sorte, oui... C’est normal, quand un fou est au pouvoir, tous les cinglés sont aux commandes.

 - Surtout parmi les policiers à la frontière  qui te posent des questions aberrantes comme....

 - Non, merci! Abstiens-toi, je n’ai pas envie de vomir. Passe à autre chose!

 - Où en es-tu avec l’Arménienne?

 - Qui ça?

 - La fille de mon patron. L’as-tu déjà oubliée?

 - Lili et moi, nous nous sommes mariés.

 - Merde alors! Ça, au moins, c’est bonne surprise.

 - Tu rentres quand?

 - Quand mon oncle me le permettra. Non, je plaisante!... Il faut que je laisse maintenant. Use mais n’abuse jamais, me répète-t-il souvent 

  - OK!... A plus! Et merci pour ton appel.

 - De rien. A plus!...