Après cet état de fait, que l’on pourrait qualifier d’absurde, dû probablement à notre profonde amitié, les peurs habituelles et ancestrales reprennent leur service, si vous permettez cette expression. Ainsi, je demande à Raoul:
- Tu ne devrais pas être à ton travail à cette heure-ci?
- Si, me répond-t-il d’un air décontracté.
- Alors?
- Alors quoi?
- Tu ne crains pas que ton patron te foute à la porte? Colérique comme il est...
- Jamais de la vie!
- Qu’est-ce qui te donne tant d’assurance?
- Deux fondements essentiels.
- Quels fondements essentiels?
- Un Arménien fabricant de basturma qui licencie un employé azéri, grand connaisseur, comme de nombreux Azerbaïdjanais, de cette délicieuse charcuterie, commet la plus la grande erreur de sa vie.
- Pourquoi?
- Parce que il ferait vite faillite à cause qu’il aurait d’un concurrent en face de chez lui... surtout depuis que j’ai revu mon oncle...
- Oui, mais...
- Et ce n’est pas tout!
- Quoi d’autre?
- Le fondement le plus important, qui ferait fondre notre relation amicale comme certains iceberg du Groenland au cas où, c’est que mon patron n’est autre que ton cher beau-papa.
- Merde, c’est vrai! J’avais oublié.
- Pas moi... Et que penserait Lili?...