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L'étranger aux yeux bleus (3, à suivre)

L'étranger aux yeux bleus de Hank Vogel.jpgLa serveuse:
     •    Rien?

 L’étranger:
     •    Rien car il fait partie de tout, du Tout. C’est un être qui est devenu un homme, puis un homme libre, puis il s’est rendu compte qu’il n’était pas grand-chose et on l’a baptisé sage.

 Le serveuse:
     •    Êtes-vous cet homme-là?

 L’étranger:
     •    Je vous l’ai déjà dit, je ne suis qu’un berger aux yeux bleus... Un sage ne dira jamais de lui-même qu’il est un sage. Un poète peut-être, parce que sa poésie bouillonne dans sa cervelle.

 La serveuse:
     •    Vous me faites de la peine.

 L’étranger:
     •    Pourquoi?

 La serveuse:
     •    Parce que vous ne savez pas ce que vous valez.

 L’étranger:
     •    Est-ce important?

 La serveuse (en se frottant le front):
     •    Je ne sais plus, je ne sais plus... Qu’allez vous faire maintenant?

 L’étranger:
     •    Rien.

 La serveuse:
     •    Vous ne vouliez pas me questionner?

 L’étranger:
     •    Si. Je l’ai fait.

 La serveuse:
     •    Mais vous ne m’avez posé qu’une seule questions.

 L’étranger:
     •    Vos questions étaient des réponses. Vous m’avez tout dit, tout. Ce qu’ils veulent connaître.

 La serveuses
     •    Tout?

 L’étranger:
     •    Tout.

 La serveuse:
     •    I1 y a quelque chose qui cloche.

 L’étranger:
     •    Je ne comprends pas. Si, si, je comprends! Pourquoi vous ai-je questionnée? Je sais, je m’étais déjà fait une idée sur les gens d’ici, une idée générale. Mais ce qui est général n’est que superficiel. L’écorce en quelque sorte. Il faut perforer le sol si on veut découvrir les richesses souterraines, les richesses cachées.Vous comprenez? Vous êtes mon premier sondage.

 La serveuse:
     •    J’ai trouvé, vous êtes psychologue.

 L’étranger:
     •    Combien de fois encore dois-je vous répéter que je ne suis qu’un berger aux yeux bleus?

 Le serveuse:
     •    Excusez-moi?

 L’étranger:
     •    Faut pas vous excuser. Essayez de me pénétrer.

 La serveuse (étonnée voire choquée):
     •    De vous pénétrer?

 L’étranger:
     •    Oui, en essayent de toucher mon âme.

 La serveuse:
     •    C’est impossible, c’est absurde.

 L’étranger :
     •    Traite la vie d’impossible et celle-ci se moquera de toi! Tout est possible car la création est infinie. Notre âme est la projection de l’univers tout entier. En regardant votre visage, ses rides encore fraîches, et en vous pénétrant par vos yeux, je découvre un monde maussade. Je vois une maisonnette abandonnée, une petite fille au cœur déchiré, séparé de sa mère et de son père et une femme qui doute, qui s’inquiète, qui s’interroge, qui souffre, qui a peur et qui aimerait vivre dans cette maisonnette-là....

 La serveuse (effrayée):
     •    Arrêtez! Vous me faites peur.

 L’étranger:
     •    L’homme a souvent peur d’admettre ce qu’il est parce qu’il vit avec ses rêves...
Vos vacances vous rattachent à votre petite fille et "être heureux" c’est avoir de la chance.

 La serveuse:
     •    Vous êtes fort.

 L’étranger:
     •    Je ne suis qu’un homme. Je capte des ondes. Je touche votre âme et je capte.

 La serveuse:
     •    On m’a souvent touché dans ma vie mais c’est la première fois qu’un homme a osé toucher mon âme.

L’étranger:
     •    Vous essayez d’échapper à la réalité. Beaucoup de gens cherchent à fuir leurs problèmes en s’adonnant abusivement aux plaisirs sexuels.

 La serveuse:
     •    Je plaisantais.

 L’étranger:
     •    Je sais, je sais... Mais dans chaque plaisanterie, il y a une petite vérité qui s’y cache.

 Le serveuse (un peu gênée):
     •    C’est vrai, je suis une femme qui désire fréquemment faire l’amour. C’est comme une bête féroce qui est en moi et qui me pousse à ça. C’est dans ma peau.

 L’étranger:
     •    Tuez cette bête!

 La serveuse (en souriant):
     •    Vous êtes un poète.

 L’étranger :
     •    Non, non! Puisque vous croyez que c’est une bête alors croyez aussi qu’il vous est possible de la tuer.

 La serveuse:
     •    Comment faire?

L’étranger:
     •    Croire en votre réussite.

 La serveuse:
     •    Elle est dans ma peau, je vous ai dit! Elle fait partie de moi.

 L’étranger:
     •    Elle n’est pas dans votre peau. J’ai connu des femmes qui avaient ça dans la peau. Elles étaient nées ainsi... pas vous.

 La serveuse:
     •    Comment le savez-vous?

 L’étranger:
     •    Êtes-vous née ainsi? Lorsque vous étiez à peine mariée étiez-vous ainsi?

 La serveuse:
     •    Non, c’est vrai. J’étais heureuse avec mon mari. Lui, il avait souvent envie de moi, moi je ne voulais pas toujours... Puis pendent les neuf mois de grossesse, lorsque j’attendais Lulu, je ne pensais pas du tout à ça. J’étais heureuse... Je vais trop loin.

 L’étranger:
     •    Il faut toujours se laisser aller. Les barrières amènent les conflits et les guerres. Si vous désirez réellement me dévoiler un de vos soucis, n’hésitez pas. Débarrassez-vous de ces vieilles barrières traditionnelles qui vous empêchent d’être ce que vous êtes et laissez chanter votre cœur quelque soit sa mélodie.

 La serveuse:
     •    Faut-il vraiment que je dévoile tous mes petits secrets à tout le monde?

 L’étranger:
     •    Non, pas à tout le mondes, à celui qui vous parle avec des mots d’amour.

 La serveuse:
     •    Vous m’aimez?

 L’étranger :
     •    Oui.

La serveuse:
     •    C’est possible dans l’espace de... 

 L’étranger :
      •    De quelques minutes? Pourquoi pas, même une minute.

 La serveuse:
     •    Oui, en effet, pourquoi pas.  Mais...  vous m’aimez réellement?

 L’étranger :
     •    Vous confondez amour et désir. Vous confondez le ciel et un nuage. Je vous aime sans arrière-pensée, sans but précis.

 La serveuse:
     •    Ici, on dit aimer bien.

 L’étranger:
     •    Je sais mais il s’agit d’aimer avec un grand A.

 La serveuse:
     •    Ma parole, vous allez me faire perdre la tête! Vous savez, je n’ai pas fait d’études, je ne suis qu’une simple serveuse d’auberge... et ici ne passent que des paysans chaussés de sabots crottés et coiffés de leur éternel chapeau qui sent la transpiration et qui ne cache pas grand-chose. Il faut me parler plus simplement.

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