Au bout d’une demi heure, je me réveille brusquement et je constate tout surpris que ma chère automobile s’est soigneusement garée au bord d’un trottoir.

 - Mais que s’est-il donc passé? je murmure.

 - Rien de grave, me rassure Alfrède.

 - Alors pourquoi ce stationnement imprévu? je m’étonne.

 - C’est à cause d’un signe de la main, m’explique-t-il.

 - Un flic?

 - Jamais pendant les repas.

 - De qui alors?

  - D’une personne qui semble faire de l’auto-stop.

 - Où ça?

 - Derrière nous.

 Instinctivement, je regarde dans le rétroviseur et j’aperçois au loin une jeune femme chargée comme une mule en train de gesticuler dans tous les sens.

 Illico presto, je sors de la voiture et je lui demande en criant:

 - Nous nous dirigeons vers Genève, ça vous intéresse?

 - Bien entendu, me répond-t-elle sur le même ton.

 - Alors, venez!

 L’autostoppeuse accoure vers moi puis, après avoir soufflé un peu, me dit toute joyeuse:

  -  Mille mercis! C’est si rare avec une si belle bagnole. Surtout lorsqu’on est surchargée de bagages.

 - Tout le mérite revient à Alfrède. Moi, je dormais lors de votre suppliant geste... 

 - Votre petit copain?

 - Non, Alfrède avec un e à la fin.

 - Désolée.

 - Vous le seriez davantage en la remerciant.

 - Pourquoi?

 - A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes. N’est-ce pas?

 - Sûrement. Mais... mais...

  - Il n’y pas de mais qui fasse, rangeons vite vos  affaires dans le coffre car j’ai hâte de reprendre la route.

 - Bien sûr, bien sûr!...