Il y a très très longtemps, quand nous étions jeunes, elle fraîchement libérée de son mari jaloux et moi bientôt de mes études, Double Z m’interpelle dans les escaliers en me disant:
- Ton jeu n’en vaut pas la chandelle, petit morveux. Pour qui tu travailles, pour le KGB ou pour une presse coquine?
- Je... je... ne... ne... vous suis pas, je bégaie.
- Pour les deux ou pour personne?
Interloqué comme jamais, je ne sais pas quoi répondre.
- Tu es sourd ou tu fais l’âne? me crie-t-elle comme une folle.
Si fortement que du coup, une idée ancestrale, mais géniale selon moi, se met à vibrer dans ma cervelle et me pousse sur le champ à braire tel un bourricot. Soit:
- Hi-han, hi-han, hi-han... Mais j’aurai préféré: han-ni, han-hi, han-hi...
- Spot! m’ordonne-t-elle avec violence... On n’est pas au cirque ici.
- Ni au conclave, j’ajoute.
Double Z tombe des nues.
Je souris héroïquement.
- Je vois, je vois, murmure-t-elle après avoir repris ses esprits.
Puis elle me lance, en souriant à son tour:
- Tu as peut-être gagné la bataille mais pas la guerre, effronté. Tâche donc d’être en pleine forme sur le prochain front!... Bye bye!
- On the rocks!...