Malgré mon comportement souvent moqueur et dénigreur à son égard, je considère Raoul Aliev comme mon meilleur et unique ami.
Est-ce ma façon très personnel d’exprimer mes sentiments d’amitié? Mieux ne pas chercher à comprendre! Je suis presque certain que même un psychologue chevronné perdrait son latin à chaque tentative d’explication. Alors!
Alors?
Alors, je descends de chez moi en toute hâte, je tire Raoul par le bras et nous courront à toute allure à l’encontre de la fille de son patron.
Et nous nous arrêtons brusquement tout essoufflés devant cette ingénue, forcément.
- Eh bien! Deux chevaliers pour une simple servante, c’est trop demander au Seigneur, nous dit-elle en souriant.
Raoul et moi, nous restons bouche bée.
Mais, après de laps de temps inattendu et quasi paralysant, nous nous présentons sans confusion.
Et j’explique à cette chère demoiselle d’un air narquois, sans doute par vengeance émotionnelle:
- Vu que l’employé de votre Papa souffre de douleurs dorsales dues à son travail forcé, c’est moi qui vais porter votre valise.
- C’est vrai ça? demande Lili, toute surprise.
- Mais non, mais non! réagit aussitôt Raoul. Erik adore fantasmer. C’est à cause d’un accident sportif.
- Je préfère ça.
Et nous remontons tous les trois la rue du Servage. Silencieusement. Sans prononcer le moindre mot...