Au bout de quelques minutes, tels des pèlerins repliés sur eux-mêmes, nous voici enfin au sommet du Golgotha, dirait certainement ma vieille concierge Alionka, toute essoufflée, pour qui toute montée est un sacré calvaire. Je pose la valise de Lili sur le trottoir, à trois mètres de l’entrée grand ouverte du magasin de ses parents et je lui déclare tout bêtement:
- J’ai l’impression que vos géniteurs ne souhaitent pas vous recevoir.
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça? me demande-t-elle comme de si rien n’était
- Pas le moindre signe d’accueil, je m'étonne. Mais où sont-ils ces zèbres, bon sang?
- Ils se cachent à l’intérieur pour mieux éclater leur joie à l'abri des oiseaux de mauvaise augure, m'explique-t-elle. A cause du mauvais œil...
- Ah bon?
- C’est une tradition dans la famille.
Alors je dis à Raoul:
- A toi donc de faire le reste, camarade. Car, en tant que voisin frontalier, tu mérites davantage que moi d’assister à ce spectacle hors du commun... Afin que vos deux nations s’unissent comme cul et chemise, bien entendu!
Et je m’éclipse à l’anglaise.