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Le récit d'un ordinateur (22, à suivre)

 Le récit d'un ordinateur de Hank Vogel.jpgComme d’habitude, je lui prépare un  bon-p’tit café et nous nous installons au salon.

 - Excellent votre arabica, me dit-elle après avoir siroté le ristretto... De ce côté-là, vous êtes un génie.

 - C’est la machine, je lui explique.

 - Il fallait choisir la bonne.

 - Elles sont toutes bonnes quand elles fonctionnent à merveille.

 - Je n’en suis pas certaine. Bref, passons aux choses moins mécaniques... bien que parfois, souvent  pour certains, nous n'agissons guère mieux. D’où l’idée du ou des robots tous azimuts.

 - Vous êtes pour?

 - Et vous?

 - Je me tâte.

 - Comme Pietro Facchino?

 - Vous connaissez?

 - Comme si je l’avais fait.

 - Avant ou après?

 - Avant ou après quoi?

 - Qu’il a francisé son nom.

 - Il a fait ça, le pingouin?

 - Lui aussi?

 - Qui se ressemble s’assemble.

 - Merci.

 Elle fait la sourde oreille.

 - Je vous sers un autre café? je lui propose gentiment.

 - Vous aussi vous avez envie de me violer? réagit-elle violemment.

 - La caféine excite peut-être mais ne saoule  pas.

 - Je le sais! Mais il m’a traumatisé à vie en y ajoutant de la grappa.

 - Qui ça?

 - Votre pot le rital.

 - Le flic?

 - Non, le Pape.

 - Merde alors! Le con!

 - Ne vous gênez pas.

 Elle se gratte fortement la tête, tantôt en grimaçant tantôt en souriant.

 Déconcerté par son étrange comportement, j’hésite un instant puis je me permets de lui demander:

 - Puis-je vous posez trois questions?

 Elle cesse cette gestuel bizarroïde et elle me regarde curieusement.

 - En effet, je lui explique, je ne sais presque rien sur vous, par contre vous, vous savez tout sur moi et davantage, Madame Zuzu.

 - A non! s’exclame-t-elle.  Pas Zuzu, c’est trop humiliant. Ça me fait trop penser à zizi. Je préfère nettement Double Z ou Z tout court, c’est stimulant et provocateur... 

 - Je vous comprends, passons à ce qui me préoccupe.

 - Je vous écoute.

 - Pietro a vraiment essayé de vous violer ou ne vous a-t-il pas seulement donné l’impression de vouloir vous...

 -  Stop! me coupe-t-elle.

 Puis elle m’explique à sa façon: 

 - Retour en arrière. Premièrement: je sais presque tout sur vous mais pas davantage. Deuxième: occasionnellement, collaborez-vous aussi pour un ou des journaux à sensation? Troisième...

 - Stop! je la coupe à mon tour. Cherchez-vous à renverser les rôles?

 - Désolée.

  - Jamais pour la presse people.

 -  Mais y a-t-il une véritable différence déontologique entre celle-ci et la soi-disant correcte? Ne pensez-vous pas que leurs  éclairages dépendent tous des directeurs commerciaux et non pas des rédacteurs en chef, leurs petits larbins?

 - Souffrez-vous de pressophobie, Madame?

 Elle éclate de rire.

 Une fois sa sérénité retrouvée,  je lui dis:

 - Pressophobie n’est peut-être pas le mot juste mais n’a rien de comique.

 - Pas pour une experte qui a étudié à fond toutes les phobies, me confie-t-elle. Car cela m’a fait penser à une pressophile, concierge comme moi. Elle est passionnée par les fers à repasser et passe son temps à les collectionner. Si vous ne croyez pas, questionnez-moi.

 - Comment?

 - Exemple: l’affectophobie, c’est quoi. Ou  peur de ceci ou de cela, c’est quoi?... 

 - C’est quoi?

 - Peur de montrer ses émotions.

 - Peur de tomber amoureux?

 - Philophobie.

 - Peur du vendredi 13?

 - Paraskevidékatriaphobie.

 - Peur des poupées russes?

 - Pédiophobie. Russes ou pas.

 - Peur de répondre au téléphone?

 - Téléphonophobie. Mais de nos jours, je dirais plutôt: portablo, smarthpho ou iphonophobie.

 - Peur de tout?

 - Pantophobie.

 - Eh bien! Vous en savez des choses sur ces maladies psychiques.

 - Mais je peux aussi les diagnostiquer.

 - C’est une blague?

 - Pas du tout... J’aurais pu en faire mon métier.

 - Comment ça?

 Elle ferme les yeux durant dix secondes, les rouvre et me raconte:

 - Jeune, j’ai étudié la psychiatrie et la zoologie terrestre et marine à l’université. Malheureusement, je n’ai obtenu aucun diplôme à cause d’un père influent et ultra macho. Ce salaud m’a mis des battons dans les roues jusqu’à la fin de ses jours. Il croyait que je n’étais sa fille mais celle de son meilleur copain qui l’avait cocufié avec ma mère. Il se trompait carrément. Mon ADN en est la preuve, aujourd’hui.

 Je sourie.

 - Pourquoi, souriez-vous? me demande-t-elle interloquée. Mon histoire n’a rien de drôle.

 - Vous avez raison, je confirme. Mais, comme disait mon père, tout mal n’est pas forcément enterré pour l’éternité et mérite rédemption... Accepteriez-vous de m’aider à résoudre une énigme?

 - Pourquoi pas. Mais soyez plus explicite!

  Je me lève d’un bond et lui ordonne presque:

 - Lève-ton cul et suis-moi, Double Z! J’ai un ordi qui t’attend sur mon petit bureau...   

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