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Ma Louise alias Carmen (18, à suivre)

 Ma Louise alias Carmen de Hank Vogel.jpgQu’elle soit mère au foyer, nonne ou pute, la femme qui est capable de nourrir un homme est capable d’encourager toute une armée.

 Quant à l’homme, qu’il soit père de famille, prêtre célibataire ou dictateur, n’est vraiment capable que de lorgner son nombril et de mener ainsi toute une armée à la défaite.

 La femme nourrit l’homme, l’homme la guerre.

 Et si on décidait de changer l’ordre des choses afin que la paix règne sur cette terre?

 Nous sommes à table. Louise est tain de beurrer de petites tartines toastées et de couper délicatement de fines tranches de truffe noire. J’admire sa façon de faire. 

 - A quoi tu penses... au fait, comment t’appelles-tu? me demande-elle.

 - Yahya Asfour, je lui réponds après trois secondes d’hésitation.

 - Tu n’est pas sérieux?

 - Si... C’est mon nom traduit en arabe.

 - C’est-à-dire?

 - Demande ça à un client arabe.

 - Je ne fréquente ni les Arabes ni les Africains. Plus jamais ça! 

 - Serais-tu raciste?

 - Pas du tout. Mais, sexuellement, ils sont trop violents pour moi ces gens-là... Alors?

 - Alors quoi?

 - Quel est ton nom?

 - Le jour où je connaîtrai vraiment le tien je te traduirai le mien.

 - En somme... à qui sait attendre, le temps ouvre ses portes.

 Et elle m’ordonne presque, en m’offrant du bout de ses doigts une tartelette bien truffée: 

 - En attendant, goûte-moi ça! C’est excellent mais ça coûte les yeux de la tête.

 J’obéis forcément.

 - Wouah! je crie après avoir avalé la première bouchée.

 - Autant que ça? s’étonne-t-elle à haute voix.

 - J’adore! Et...

 - Et?

 - C’est une première pour moi.

 - Vraiment? 

 - Vraiment.

 - Alors pour moi aussi.

 - Explique.

 - Je suis honorée d’avoir été la première nana à te faire découvrir cette merveille gastronomique.

 - Et couteuse!

 - Pas pour moi.

 - Pourquoi?

 - Parce que... parce que...

 - Tu l’as récoltée dans les bois de Jussy?

 - Que veux-tu insinuer?

 - Je ne te suis pas.

 - Seul un chien truffier est de taille à dénicher une telle merveille, grâce à son odorat. Ou... ou...

 - Ou?

 - Un cochon ou une cochonne.

 - Une truie, tu veux dire?

 - C’est ça, c’est ça! 

 - Désolé, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde... Je me suis arrêté à ton parce que...

 - Puisque tu cherches à tout savoir, c’est un admirateur restaurateur qui me l’a offerte, cette sacrée truffe! Es-tu satisfait?

 - Très satisfait.

 - OK! Passons donc au reste!

 Elle se lève d’un bond et elle file droit à la cuisine...

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