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Le balcon de Vyborg (16, à suivre)

 Le balcon de Vyborg de Hank Vogel.jpgSans perdre une seconde, je retourne rapidement à la salle à manger et je reproche à mes parents:

 - Si j’ai bien compris, vous dites une chose et vous faites tout le contraire... Vous n’êtes guère mieux que les pires voyous qui gouvernent sur cette terre. En somme... en somme...

 - En somme quoi? s’inquiète mon père.

 - Vous m’avez encouragé voire forcé à servir un pays que vous sous-estimez depuis toujours. Pour plusieurs raisons, peu honorables.

 - Lesquelles? s’inquiète à son tour ma mère.

 - Il y en deux en vérité, je corrige.

 - Lesquelles? répète-t-elle.  

 - La première: afin que personne ne vous soupçonne de vos manigances absurdes. La deuxième: afin que je m’éloigne le plus loin possible de Lili.

 - On dit seconde quand la troisième n’existe pas ou pas encore, ironise le vieux.

 - Tu te comportes exactement comme un flic qui se préoccupe davantage de la cartouche trouvée par terre près de la victime que de la blessure de cette dernière, mon cher Papa.

 - Lili n’est pas une fille pour toi! s’énerve-t-il. Primo: elle n’est pas belle et pas scandinave d’après ma douce moitié. Secondo et non deuxième: c’est une infirme qui boite du pied gauche. 

 Je fronce les sourcils.   

 - Tu nous crois pas? me demande la protectrice de mon hérédité.

 - Pas du tout, je lui réponds sèchement.

 - C’est normal, l’amour rend aveugle.

 - Dans le passé, elle boitait peut-être. Plus maintenant.

 - Comment le sais-tu?

 - Tu as déjà oublié ce que je t’ai raconté, Maman?

 - Non, si, c’est que, non rien...

 - Pour l’amour du ciel, cesse de jérémiader pour si peu, ma doucette, supplie mielleusement le mari faussement soumis à son épouse.

 Je souris alors. Mais je grimace tout de suite après.  

 - Et toi de jouer au con! m’ordonne-t-il aussitôt... Tu n’est plus à l’armée, ici.

 - A la guerre, j’étais, bande de héros à la noix! je crie de toutes mes forces. Oui ou non?...

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