Malgré sa puanteur et sa toxicité, la rue est sans aucun doute plus salutaire et rassurante que ces endroits parfumés et feutrés où l’on croit pouvoir flirter sans gêne avec la liberté en personne, me dis-je une fois dehors.
Mais voilà que!
Après avoir accouché, mentalement, cette réflexion digne d’un collégien de philosophe qui a failli de faire enfourcher par le diable, deux malabars, l’un roux et l’autre bridé, s’approchent de moi et le présumé cousin de Judas me dit sèchement:
- J’espère que tu t’es acquitté de ta dette et que tu as enfin pris la bonne décision.
Et le supposé descendant de Gengis Khan me tend une feuille de papier toute chiffonnée.
- C’est quoi pour un torchon? je lui demande tout estomaqué.
- Chiffonné ou pas, prends-le et signe! m’ordonne-t-il. Ainsi, tu pourra défendre ta patrie.
- Désolé, mais feu ma patrie est loin d’ici.
- Comment ça?
- Je suis apatride depuis que j’ai jeté mon passeport dans la cheminée de mes vieux...
- Alors c’est le moment ou jamais d’en posséder un tout nouveau, sans devoir justifier ton identité. Et à l’œil!
- Et?...