On me confit la pièce à conviction, c’est-dire le fameux ordinateur portable dont le propriétaire serait un éventuel criminel, et on m’installe dans un box soi-disant isolé, secret et à l’abri du bruit, de toute distraction et des flics curieux non impliqués dans l’affaire, afin que je puisse accomplir en toute quiétude et sous aucune influence ma mission d’expert en images.
J’allume le mac et, avec quasi la même mentalité d’un explorateur attiré par l’univers obscur des grottes et l’aide d’une petite souris, j’entre dans son cœur, ou disque du macintosh pour les funs de l’informatique, là où se trouvent tous les dossiers, qui stagnent depuis un certain temps.
Sauf que là je ne risque pas de recevoir, tel un spéléologue trop amateur ou imprudent, une grosse stalactite sur le ciboulot ou de trébucher à cause d’une petite stalagmite.
C’est ce qui me rassure vu que je ne suis plus l’aventurier que j’étais.
- C’est normal, dirait ma concierge. Hier, tu œuvrais sur le terrain avec toute la ferveur de ta jeunesse, aujourd’hui tu bricoles comme n’importe quel bureaucrate avachi.
Mais pourquoi cette pensée si rabaissante à mon égard m’a-t-elle traversé l’esprit? je me demande.
- Cela est dû probablement à la peur du gendarme qui vient de surgir du fond de ton inconscient, m’expliquerait ma psy.
Et dire que ces deux bonnes femmes ont passé à la casserole. Par mes propres soins, bien entendu...