- Et si j’étais avec un patient? me demande Lolipop, après trois secondes d’étonnement.
- Et si ma grand-mère en avait? je réplique en souriant.
- Tu n’as pas changé.
- Toi non plus.
- Assois-toi, m’ordonne-t-elle d’une voix sèche, autoritaire.
J’obéis en lui disant:
- Là, je ne te reconnais plus... Si je te dérange, je peux venir un autre jour...
- Pas du tout, pas tout, désolée, j’étais ailleurs, s’excuse-t-elle...
- A cause?
- Il n’y aucune cause. L’émotion sans doute.
- Comment ça ce fait?
- Je ne comprends pas.
- C’est toi, la psychologue, non?
- Oui bien sûr... mais... mais...
- Mais?
Elle ferme les yeux et me supplie:
- Pour l’amour du ciel, cesse de me mettre dans l’embarras... J’ai passé une semaine terrible, affreuse avec un malade qui était persuadé que j’étais sa patiente et lui mon psy. A croire qu’il voyait le monde à l’envers... J’ai hâte d’effacer tout ça.
Je me frotte les mains et lui propose:
- Dans ce cas, lève tes fesses et allons au café d’en face...