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  • Le récit d'un ordinateur (19, à suivre)

     Le récit d'un ordinateur de Hank Vogel.jpgLe commissaire tombe des nues.

     Pensant qu’un tel état émotionnel négatif n’est pas digne d’un policier, je lui lance:

     - Es-tu certain d’avoir choisi le bon métier?

     Il secoue la tête et il sort de son mystérieux et troublant silence:

     - J’ai l’impression que tu me soupçonnes que j’ai une matraque à la place du cerveau.

     - Ce n’est pas le cas? dis-je d’un air faussement étonnée.

     Il glousse. Glousse de nouveau. Puis il m’avoue d’un ton peu convaincant:

     - Quand j’avais vingt ans, je voulais absolument suivre des cours d’acteur afin de pouvoir incarner un jour des rôles d’inspecteur dans des séries policières. Mais mes parents, surtout mon père, m’ont tellement persuadé que la fiction c’était de la pisse de chèvre à côté de la réalité alors...

     - Alors?

     - Me voilà!

     - C’est-à-dire?

     - En chair et os... et pas sur les écrans.

     - C’est une blague ou quoi? Faut rire ou pleurer?

     - A toi de conclure.

     - Quelle conclusion? Il n’y a aucune possibilité de conclusion! Exprime-toi clairement, bordel!...

     - Comme un flic, n’est-ce pas?

     - Non, le contraire.

     - Il a finalement raison! crie-t-il aussitôt en jubilant.

     Sans perdre une seconde, je regarde rapidement de droit à gauche et vice-versa. 

     - Qu’ y a-t-il? s’inquiète-t-il en pivotant sur ses talons.  

     - Trop tard, ils viennent de passer, je lui explique. Mais ils ne nous ont pas vus.

     - Qui ça?...

     - Malgré ton gémissement en pleine rue...

     - Mais qui ça, Bon Dieu?

     - Ton sup qui me déteste et la belle Molly. Tous deux tirant un Kosovar menotté par le bras... Ils souriaient comme des amoureux après un partie de pêche ou de chasse.

     Il éclate de rire. Puis il me dit avec mépris: 

     - J’ai eu tort de plaider pour toi... Tu ne connais pas mon chef et tu oses insinuer des saletés sur lui.

     - Des saletés et quoi encore? je marmonne.

     - Oui, des saletés! insiste-t-il. Tu te crois où, mon vieux? Au tribunal de La Haye?

     Je le foudroie du regard, je respire un bon coup et lui propose sans la moindre animosité:

     - Retournons au commissariat et tachons de savoir si le rouquin à la moustache tentée en noir a bel et bien coffré un Kosovar ou Albanais avec l’aide de sa maître... Dac?

     Le commissaire retombe des nues mais cette fois-ci très brièvement. Puis m’ordonne gentiment, quasi la larme à l’oeil:

     - Va à ton box et moi je m’occupe du reste. OK?

     - OK...