Pietro Facchino alias Pierre Portier, commissaire de police, confortablement installé dans son fauteuil rembourré et dans la vie, me demande d’un air fâché:
- Qui es-tu pour de bon?
- Pour l’instant, un mec mal assis sur une chaise métallique qui finira par me les gonfler, je lui réponds sur le même ton... A quoi tu joues Pierrette? Tu t’attaques maintenant à mon dictaphone au lieu de t’opposer directement aux diktats du maître de la maison?
- Encore une de tes analyses psychologiques apprise sur le tas?
- Dis que c’est faux!
- Non!
- Tu te comportes vraiment comme un flic.
- C’est-à-dire?
- Tu as toujours raison même quand tu as tort... Combien de policiers se sont trouvés en taule pour leurs crimes? J’aurais honte si j’étais un procureur vraiment honnête.
- En somme, il a raison.
- Qui ça?
- ...
- De qui parles-tu?
- Ça ne te regarde pas.
- Alors n’avance pas ton pion pour le reculer aussitôt.
- Je croyais que tu n’aimais pas jouer aux échecs.
- N’essaye pas de détourner la conversation!... C’est qui ce con? Et que t’a-t-il raconté sur moi?
Le commissaire se gratte le coude et sans tarder le nez.
A-t-il lu un bouquin sur la synergologie, ce fils de pute? je m’interroge.
- Qu’est-ce que tu as à me regarder ainsi? me demande-il d’un air bizarre, trois secondes après ma réflexion.
- Et toi alors? je rétorque... Je parie cent francs que ton chef t’as remonté les bretelles à cause de moi.
Il grimace.
- Tu es un livre ouvert, je lui dis. Pire qu’un ordi oublié ou perdu.
- A ce point-là? s’inquiète-t-il.
- Ton singe est certainement persuadé que je déteste la flicaille, je lui explique. Vrai ou faux?
- Poursuis.
- Et pense que le fait que tu m’aies choisi comme collaborateur extérieur n’est guère digne d’un défenseur de la police...
- Il s’est davantage penché sur ton passé.
- Grâce ou à cause d’Internet?
- Probablement. A moins... que...
- Qu’il ait fouillé dans les archives militaires?
- Probablement aussi.
- Eh bien, tu pourras a ton connard de chef dire qu’il a gagné.
- Comment ça?
- Et qu’il pourra placer un de sa famille à ma place.
Et je quitte le bureau du commissaire en courant...