Et le... (désolé, c’est un oubli des historiens), mon aïeule, Henriette d'Orbe, épouse Eberhard IV, le prince du Wurtemberg.
Non, ce n’est pas un conte de fée mais la triste réalité.
Triste?
Non, pas forcément pour elle mais pour Roscelin, ce petit garçon devenu jeune homme qui lui déclara lors de leur première rencontre, car elles furent nombreuses:
- Je suis le chevalier entièrement dévoué à vous, chère princesse.
Mais que signifiait exactement cette dévotion?
Plongeons donc à l'époque de ces entrevues secrètes.
≠
Lors de la deuxième entrevue.
Henriette demande à Roscelin:
- Pourquoi tu as fui comme un voleur l’autre jour?
- Pour que cela te serve de leçon, lui répond le gamin.
- Tu parles comme une grande personne. Qui es-tu en réalité?
- Peut-être, j’en suis une mais avec un corps d’enfant.
- Tu plaisantes ou quoi?
- Éventuellement, possiblement, probablement, sans doute, vraisemblablement...
- Ça va, j’ai compris! crie-t-elle.
- Tout, tous? riposte-t-il, en haussant la voix.
- C’est-à-dire?
- Réfléchis!
- Pourquoi cette avalanche de mots qui veulent tous dire la même chose?
- Vraiment?
- Presque, question de nuances.
Il sourit puis il lui dit en grimaçant:
- Cela m’explique que tu as déterré le fameux livre que j’ai enterré.
- Il ne fallait pas? s’inquiète-t-elle.
- Au contraire! réplique-il en souriant de nouveau. Dans ce cas, la curiosité n’est un pas vilain défaut. Car une future souveraine sans instruction et de véritables informations est un danger pour son peuple.
Du coup, elle profite pour lui réclamer:
- Et la vraie réponse que j’attends toujours, viendra-telle ou ne viendra pas?
- Quelle réponse? s’étonne-t-il.
- Pourquoi tu as fui comme un voleur l’autre jour?
Mais, à ce moment précis, comme la première fois, le chevalier dévoué enfourche rapidement son bourricot et tous les deux disparaissent à grande vitesse dans la forêt.
- Ma parole, c’est une manie chez lui! se dit mon aïeule...