Trois semaines plus tard, les deux tourtereaux innocents se retrouvent comme d’habitude au même endroit mais aussi au même moment.
- On dirait que le cadran solaire de mon château et le clepsydre de ton village se sont mis d’accord! s’exclame Henriette. C’est un vrai miracle!
- Non, un coup de chance, corrige Roscelin... Mais un jour... qui sait...
- Qui sait quoi?
- Un alchimiste ou un bricoleur de génie inventera une machine qui nous permettra de nous revoir à pic.
- Comment ça?
- Comme aujourd’hui mais selon notre décision et non pas celle du hasard.
- Quand ça?
- Dans des années ou des dizaines d’années. Malheureusement.
- Tu es donc si pressé que ça?
- Pressé de quoi?
- De vivre autrement?
- Si... pas toi?
- Je ne sais pas.
- Ça ne t’agace pas d’attendre?
- D’attendre qui?
- Moi, par exemple.
- Tu es toujours là quand j’arrive. Sauf aujourd’hui.
- Tu as raison.
- Si j’ai compris, le fait de m’attendre te ronge tellement que tu te venges en me quittant à toute vitesse sans me saluer.
Roscelin éclate de rire. Henriette tombe des nues...