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  • Deux mille vingt-deux (38, à suivre)

     Deux mille vingt-deux de Hank Vogel.jpgDix minutes ou trois heures plus tard, comment le savoir, être moins absurde, vu que tout n’a plus aucun sens dans de pareilles circonstances, j’ouvre les yeux et je m’aperçois que je ne suis pas mort mais bien vivant.

     - Il a ressuscité! crie mon père.

     - Merci Seigneur! chante presque ma mère.

     - Cessez de vous de vous comporter comme des grenouilles de bénitier, ce n’est votre genre, je les gronde... Connaissez-vous le phénomène de thanatose?

     Deux stratus souriantes seraient plus encourageantes.

     - Le simulacre de mort ou l’immobilité tonique, je précise. C’est une ruse que pratiquent beaucoup d’animaux pour éviter de se faire bouffer par leurs prédateurs... Est-ce que je sentais vraiment la mort ou je puais du cul? Il paraît que les opossums dégagent une odeur nauséabonde quand ils sont en danger.   

     - C’en est encore une? me demande mon paternel d’un ton qui frise à la fois la colère et l’incompréhension.

     - Une quoi?

     - Une découverte supplémentaire, alias invention pour les fans des synonymes entre guillemets,  afin de nous  mettre dans de beaux draps, ta mère et moi. La transformation de l’eau en énergie ne te suffit donc pas?

     - Et Luna compte pour beurre?

     - C’est quoi ça?

     - Le nom de ma belle que vous souhaitez ignorer.

     - L’orpheline? s’interroge ma mère à haute voix.

     - Elle n’est pas plus orpheline que toi et moi, je lui avoue. C’était une parole en l’air.

     - Tant mieux, marmonne-t-elle après une  longue expiration.

     - Mais l’un n’empêche pas l’autre, je ne reprends.

     - Comment ça?

     - Mon cher tonton n’a-t-il pas écrit le mensonge est une vérité dans un monde inconnu? Et le monde à elle est une vraie inconnue pour moi.

     - Mon frère est parfois fou.

     - Il simule la folie comme moi la mort... Au fait, combien de temps j’étais dans cette état morbide?

     Les jeux de regard parentaux reprennent place puis la génitrice rarement calculatrice sort de cette mascarade selon moi et me dévoile:   

     - Quarante-huit heures et trente-trois minutes exactement.

     - Merde alors! je crie de joie et d’étonnement... Et vous n’avez pas appeler les secours?

     - Pour que tu finisses comme ta sœur? s’échappe machinalement de la bouche de ma mère.

     - C’est donc vrai? On a volé ma soeurette?

     - Oui, c’est vrai, confirme mon père... Si nous sommes encore ici, dans ce pays merdique, c’est que nous la recherchons toujours. 

     - C’est une preuve manifeste, hélas! Je te crois maintenant car je sais tu ne mens jamais quand tu évoque une affaire abominable... Finalement, par la force des choses, tu n’as plus la bougeotte comme cette racaille qui ne nourrit et se balade aux frais de la princesse.

     - N’oublie pas que c’est grâce à elle que tu  as trouvé chaussure à ton pied...

     - Ça tombe à pic! Peux-tu me refaire mon passeport?

     - Pour te marier ou pour prendre la clé des champs?

     - La réponse, vous l’aurez dans le jardin. Car, comme vous le savez mais refusez de l’admettre, la maison est truffée de micros... et... et...

     - Et?

     - J’ai une envie folle d’aller faire caca avant...