Et dire que ces deux bonnes femmes ont passé à la casserole le même jour. L’une, le matin et l’autre le soir. Par mes propres soins, forcément.
Mais à ce moment précis mes glorieux souvenirs sont brutalement stoppés par un bruyant toussotement derrière mon dos.
Je me retourne aussitôt et Pierre me dit:
- Ne te casse pas trop le cul pour un bougnoule, tu as tout ton temps pour ça. On n’est pas dans le privé ici.
- Encore un, je murmure.
- Plaît-il? Je n’ai pas entendu.
- Encore un, je répète à haute voix.
- Un quoi?
- Un de la maison... Mais qu’avez-vous tous, chers policiers attitrés, contre ceux qui se stressent pour des cacahuètes au profit de ceux que vous défendaient si bien?
- Je croyais que tu avais changé.
- Seule la chenille chance, se métamorphose en papillon. Et... et...
- Je vois où tu veux en venir... J’ai fait ça dans l’intérêt de mes enfants. Tu crois que c’est amusant de te faire traiter de rital toute l’année?
- Et de bougnoule alors?
- C’est la pure vérité, je n’ai jamais traité un bougnoule de bougnoule, m’avoue-t-il tout bonnement.
- Probablement, dans le seul but de ne pas devoir subir une condamnation pour discrimination raciale aggravée, je présume. Mais ta pensée n’est pas moins grave ni moins perverse pour autant.
- Tu as sans doute raison... Mais je suis pas un cas unique.
- Oh non! La plus tard des gens sont racistes. D’après moi, la race blanche battrait tous les records. L’esclavage en est la preuve.
- Et les anciens Égyptiens alors?
- Et les patrons noirs et jaunes?
- Changeons de sujet! veux-tu?
- OK.
- Tu as le temps de boire un verre?
Je souris et je répond au commissaire:
- Bien entendu puisque je ne suis pas dans le privé que je sache!...