Un soir, comme tous les autres soirs, au dîner, je demande à mes parents:
- A quel âge, vous vous êtes mariés? C’était par amour ou par intérêt?
Interloqués, ma mère tire une grimace et mon père me répond:
- Nous étions forcés d’accomplir cette tâche à cause de toi.
- Comment ça?
- Pour ne pas que l’on te considère plus tard comme un bâtard, m’explique ma mère.
- Eh oui, fiston! poursuit mon paternel. La révolution intellectuelle n’était pas à l’ordre du jour à notre époque. Un enfant hors noces, le bébé éprouvette et le mariage pour tous, seules les nonnes et les curés en parlaient en eux.
- D’où tu sors ça? s’étonne son épouse... Tu as la mémoire courte ou quoi? Ou serais-tu en train de la perdre?
- Pff!
- Tu as aussi oublié que tes vieux nous ont souvent conseillé de suivre la voix moins légale pendant j’étais enceinte? Les salauds!
- Un peu de respect, tout de même!
- Ils sont morts.
- Raison de plus!
- Les morts sont sourds, muets et ignorent totalement toutes les raisons, j’ironise.
- Tu es de son côté maintenant? s’énerve mon cher daron.
Je ne réponds pas. Et c’est l’accalmie.
Après ce long silence, mon Fater murmure:
- Malgré ses caresses nocturnes, les démangeaisons perdurent.
- Tu prends vraiment tes vessies pour des lanternes, lui reproche la Mutti... Cesse donc de faire l’âne!
- Tiens! Ça me rappelle Zuzana.
- C’est qui celle-là? s’inquiète-t-elle.
- Madame Zumstein, notre concierge.
- Méfie-toi, c’est une femme prête à tout!
- Merci! C’est une excellente chose à savoir.
- Tel poussin, tel coq! intervient le connaisseur en poules...