Et, grâce à notre devise amicale et fusionnelle, ce qui est décidé en commun accord doit être réalisé à la lettre, nous nous croisons à l’instant décidé devant l’entrée du restaurant la Taverne. Lui, arrivant par le bas de la rue du Servage. Moi, par le haut.
- Salut!
- Salut!
Je souris. Raoul grimace.
- Que se passe-t-il? je lui demande. Tu as l’air souffrant.
- J’ai couru un peu mais ce n’est mon truc, me répond-t-il... Étant donné que j’avais de l’avance....
- Tu aurais dû t’installer à une table ou m’attendre à l’intérieur même debout...
- En effet, en effet.... mais... mais...
- Mais quoi?
- D’après mon vieux père: on ne s’insère nulle part les poches vides. Et... et je croyais que mon patron avait l’intention de me régler mon dû.
- Moi non plus, je n’ai pas le moindre sou sur moi... Et d’après ma vieille mère, un Arménien vaut au moins deux Juifs et ses retards se multiplient également...
- Merci pour tes encouragements!... On fait quoi en attendant?
- On se la joue cool et on payera à crédit.
- Non, non, ce n’est pas mon truc!
- Malgré qu’on se les gèle ici?
- ....
- Et tu en aurais d’autres?
- Mais de quoi tu parles?
- Des trucs, pardi!...
- Tu es con.
- Tans pis pour toi, moi j’y vais avant qu’un éternel inquiet n’appelle la police, dis-je et j’entre dans le restaurant.
Et, bien entendu, Raoul me suit...