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Le balcon de Vyborg (22, à suivre)

 Le balcon de Vyborg de Hank Vogel 2.jpgNous nous installons à une table et, aussitôt assis, je demande à la serveuse:

 - Vous acceptez les cartes de crédit?

 - Toutes sauf les étrangères, me répond-t-elle.

 - OK! Mais sachez qu’un jour ça sera le contraire.

 - Comment ça?

 - Ça risque de prendre du temps.... Non, apportez-nous plutôt deux bières blanches  et... non, la suite c’est pour un peu plus tard, peut-être. S’il vous plaît! OK?

 - C’est entendu!

 Raoul me regarde de travers.

 - J’ai l’impression que tu m’en veux pour quelque chose, je lui dis en souriant... Est-ce à cause de mon manque de précision concernant le crédit ou du présage que j’ai annoncé à la fille? 

 - Ni l’un ni l’autre, grogne-t-il. 

 Puis il m’explique mielleusement:

 - Je ne suis plus un petit gosse à qui on impose systématiquement boisson et nourriture mais un invité d’âge mûr... Yaxşı?

 - Okej!

 - Mais ça va pour cette fois-ci.

 La serveuse nous apporte deux chopes débordant de mousse et nous les vidons en moins de deux, tels de joyeux lurons.

 Puis, avoir roté un bon coup sans la moindre gène, Raoul m’avoue:

 - J’aurais dû laisser pisser le mérinos au lieu de ramener ma fraise pour des prunes.

 - Car?

 - Mieux se taire avant et tout paraît meilleur après?

 - La foudre semble avoir du retard sur ses performances, après ce constat.

 - Laisse-la tranquille, cette tueuse. Elle n’a rien à foutre de nous...

 - Tu es déjà saoul, Raoul?

 - Non, je philosophe... Au fait, c’est quoi cette chose qui ronge ton âme.

 - Une phase de toi?

 - De moi? Quelle phase?

 - L’autre jour, tu m’as soufflé à l’oreille que j’avais le ticket avec Lili. C’est vrai ou c’est faux?

 - A moitié vrai ou plus ou moins...

 - Ma parole! Une goutte d’alcool dans tes veines et c’est la Bérézina.

 - Ou à moitié faux, si tu préfères.

 - C’est-à-dire?

 - Cet intime secret, je ne l'ai pas soufflée à ton oreille sourde mais je te l’ai déclarée de vive voix.

 - Donc, ce n’était pas une blague?

 - Mais bien sûr que non!... Autrement, je me serais pas fâché suite à ta réaction idiote.... Mais tu as de la change que je ne suis pas rancunier... Et c’est tout?

 - Non.

 - Quoi encore?

 - J’aimerais que tu me rendes un service.

 - Tu aimerais que je te donne le numéro de téléphone de Lili, n’est-ce pas?

 - Exactement! 

 - Malheureusement, je ne l’ai pas... Mais ses parents doivent sûrement l’avoir.

 - Oh non! De n’importe qui sauf d’eux...

 - Tu as peur d’eux?

 - En quelque sorte, oui.

 - Tes ex roubignoles, c’est en Ukraine que tu les a perdues.

 - Si c’était le cas, la Douma m’aurait déjà engagé pour un de ses nombreux harems.

 - Alors pourquoi d’autre?

 - Parce que mes vieux et ses vieux se font la guerre pire que les Capulet et les Montaigu.

 - C’est qui ces zigotos.

 - Tu n’as qu’à lire la pièce de Shakespeare au lieu de t’endormir sur ton coran.

 - Je t’ai déjà dit que je suis athée.

 - L’un n’empêche pas l’autre.

 - J’ai d’autres chats à fouetter que m’encrasser le cerveau avec ces lectures... Et pour quelle raison, ils se bataillent.

 - Il faut demander ça à ma mère... Tu acceptes ou tu refuses?

 - Devine!

 Je m’apprête à payer, en sortant ma carte de crédit,  mais voilà que la serveuse me signale en brandissant un couteau:

 - Pas la peine, c’est offert par la maison. La vodka dans la bibine, également.

 - En quel honneur?

 - Votre sincérité et votre courage. Face à tous ces salauds qui cherchent à nous réduire en miettes. 

 Et nous sortons tout babas du restaurant... 

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