- A cause du renard qui les a tous fait déguerpir sous peine d’être mis en cage.
- Ce qui signifie?
- Ils ont préféré partir à la guerre que de finir leurs jours dans une prison crade à en mourir.
- Mourir ou mourir!
- A plus long terme.
- Effectivement. Mais il y a aussi la voix de la désertion. C’est ce que j’aurais choisi.
- Malheureusement, les hommes d’ici n’ont plus de couilles... à force...
- A force?
- D’avoir trop écouté les nouvelles à la télé et de les avoir avalées comme des couleuvres en sucre. Sans la moindre hésitation, le moindre doute... De parfaits moutons, les gars d’ici.
- Pas les bonnes femmes?
- Oh que si! Elles sont pareilles qu’eux, ni plus ni moins... Il ne s’agit que... Attention! Je ne sous-estime que les trois quarts de la population. Les autres pensent et agissent comme moi.
- En flinguant mes deux agresseurs en pleine rue et aux yeux de tous?
Elle glousse puis elle me reproche:
- C’est seulement maintenant que tu te préoccupe d’eux?
- C’est ma question hors du lot, je me justifie... Eh bien?
- Eh bien quoi?
- Où as-tu caché les cadavres pendant que je dormais?
Elle s'esclaffe, hoche la tête plusieurs fois et dans tous les sens, telle la figurine d’un chien dans la voiture d’un braqueur qui fuit la police, s’immobilise subitement puis, de marbre, elle me lance:
- Qu’ils soient grands ou petits, gros ou minces, instruits ou incultes, les mecs sont plus attirés par le morbide que par le miraculeux. Contrairement aux aux nanas.
Je me frotte le front.
Elle poursuit:
- Si une fille leur plaît à tout prix, ils la sautent d’abord et ensuite, ils s’inquiètent sérieusement de sa moralité. Même s’ils la soupçonnent d’avoir commis un crime...