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  • Le récit d'un ordinateur (20, à suivre)

     Le récit d'un ordinateur de Hank Vogel.jpgD’un pas svelte et rapide, je regagne mon box. Sur-le-champ, j’allume l’ordinateur de l’inconnu que l’on cherche à identifier telle une aiguille dans une botte de foin,  et, à ma plus grande stupéfaction, je découvre un fichier pdf dans le coin à droite de l’écran.

     - Mais qu’est-ce qu’il fout là cet intrus, je marmonne aussitôt, en m’asseyant sèchement sur ma chaise. Est-ce un message, une farce ou une menace? Et de la part de qui? 

     Immédiatement, je sors mon dictaphone de ma poche, je l’enclenche en cliquant simultanément deux fois sur ce maudit document virtuel et je déclare tout excité: 

     - Quelqu’un a osé introduire un élément suspect intitulé L'inventeur du binocle électrique dans cet ordi incriminé pendant ma brève absence... Soit pour m’emmerder soit pour entraver l’enquête. Stop!
     
     Et bien entendu ou forcément, j’arrête l’enregistrement.  

     Puis, curieux comme un pot de chambre, je lis silencieusement le contenu de cette missive, controversée selon moi:
     
     - Les Chinois inventèrent la poudre à canon, la femme la poudre talc et moi le binocle électrique.

     Ma phrase, cette vérité ou ce slogan, fait sourire mon voisin, qui n’est autre que le maire de mon village.

     Très étonné par sa réaction inattendue, car d’habitude, à toute déclaration autre que les  siennes, cet homme public tire une gueule pas possible voire d’enterrement, ou inversement, je lui demande alors:

     - Camarade Raoul, connais-tu la différence entre la bonne ou le bon à tout faire et la  bonne ou le bon à tout plaire.

     - Il n’y en a aucune, me répond-t-il sans la moindre hésitation mais en versant une grosse larme.

     Aussitôt, je tombe sur le cul.

     Et pour m’enfoncer davantage dans la boue, cette huile municipale m’explique avec une grimace quasi diabolique.

     - Demain, je quitte la vie politique pour vivre enfin comme toi, en bon à rien.

      - Toujours à cheval entre le bien et le mal, me chuchote à l’oreille ma concierge bien aimée... Même après avoir compris qu’il faisait fausse route sur le chemin du fair-play et de l’hypocrisie.

     - Pagliacciate (des bouffonneries en italien) identiques à celles de ton grand copain, disait  ma mère lorsque nous regardions ensemble par hasard un chef d’état s’exprimer à la télé... 

     Et chaque fois, la chère Mamma profitait pour rajouter :

     - Mais où a-t-il volé ce binocle qui se prend pour un yoyo, Raoul qui se les roule?

     Et c’est grâce à ou à cause de ce martelage maternelle, un tantinet surréaliste, que j’ai eu la géniale ou diabolique idée de semer la zizanie dans l’univers des yeuxtistes.

     Mais commençons par le commencement.

     On dit que les cons ne servent à rien et coûtent chers à la société.

     Eh bien c’est faux! C’est archi faux!

     Les cons rapportent toujours des tonnes aux plus cons qu’eux qui  les étonnent. 

     Cette formule philosophique, c’est un philosophe au chômage, faute de reconnaissance, qui me l’a soufflé à l’oreille avant de rejoindre le paradis tant promis par Jésus et ses complices.

     Une fois la lecture terminée, je me cure automatiquement le nez.

     - Un geste d’insatisfaction propre à, typique d’un spéléologue frustré de n’avoir pas pu explorer entièrement une grotte, dirait mon amie psychologue. 

     Et, à ce moment précis, le commissaire me dit en entrant:

     - Tu as sûrement trouvé quelque chose... n’est-ce pas? 

     - De quoi parles-tu? je lui demande, tout étonné.  Des cacas de mon gros pif ou du verset absurde pour me tester?

     - Sincèrement, je ne comprends rien à ton charabia. Aurais-tu par hasard des origines bougnoules?

     Offusqué comme jamais, je me lève brusquement, je plie le mac en deux, le glisse sous mon bras gauche et j’explique au défenseur de l’ordre:

     - Si tu souhaites vraiment  que j’obtienne un vrai résultat, il faut absolument que je travaille chez moi.

     - Ce MacBook chez toi? s’inquiète-t-il. Pas question. C’est illégal. 

     - Comment ça?

     - Cherches-tu à imiter le quarante-cinquième pète... pète-sec... ?

     - Qui ça?

     - Le terrifiant président des cow-boys à moitié scalpés.

     - Quel humour, camarade!... Mais...

     - Il n’y a pas de mais qui fasse...

     - Si il y en a un! Ou plutôt une différence.

     - Laquelle?

     - Je désire l’emprunter et pas le confisquer.

     - Dans quel l’intérêt?

     - Celui de la vérité et non du mien. Ici tout le service peut se laisser aller à l’art du tripotage... en  ajoutant ou un soustrayant une information... 

     - Ici personne ne tripote ni quoi ce soit ni qui que ce soit. 

     - Comme ton chef avec la belle Molly?

     - Ma parole, ça devient un obsession chez toi!

     - Ai-je vu juste ou ai-je blasphémé ton dieu soi-disant au-dessus de tout soupçon? 

     - Tu veux quoi en échange? 

     - Avoir la permission de pouvoir ausculter cet animal électronique à domicile, pendant vingt-quatre heures.

     Pierre Portier hésite un bon moment puis, en souriant niaisement, il me donne son aval.

     Et il ajoute verbalement, d’un ton digne d’un prêtre-résistant tel que l’Abbé Sébile:

    - A titre exceptionnel et bouche cousue!...

    L'Abbé Sébire.jpg

    L'Abbé Sébire (cliquez sur la photo pour connaître son histoire)