- C’est la clé! hurle-t-il, tout enthousiasmé... Vous avez trouvé la clé!
- OK, puisque cela vous met dans cet état... Maintenant, c’est à vous de faire de même... si possible.
- Malheureusement, je n’ai pas du panache... comme vous.
- Panache ou pas, qu’importe! C’est la vérité qui compte. Votre vérité!
- Que voulez-vous savoir donc?
- D’où me connaissez-vous? Et pourquoi avez-vous traité Susuna de plastronneuse?
Il se frotte la tempe droite puis la gauche.
- Alors? dis-je... Qu’elle provient d’un cabinet de l’est ou l’ouest, toute information traficotée finit droit dans le mur.
Il tressaille tel un apiculteur novice qui vient d’être piqué par sa première abeille. Mais aussitôt, il m’annonce sereinement:
- Cela m’étonne pas que vous ayez rencontré Dieu dans l’Himalaya.
- C’est quoi pour une blague? je réagis fâcheusement.
- Pourtant tout à l’heure...
- Tout à l’heure quoi?
- Votre réaction était toute différente... Comme si elle était chargée d’une certaine émotion hors du commun...
- Pouvez-vous répétez la phrase?
- Quelle phrase? Celle d’avant?
- Forcément!
- Elle est quasi identique.
- Non, c’est faux! Vous avez anticipé l’évènement.
- Comment ça?
- Faillir rencontrer et rencontrer sont deux états comportementaux totalement opposées l’un de l’autre dans ce contexte, si vous me suivez.
- Non mais vous avez probablement raison. Je retire donc ce que j’ai dit.
- Étiez-vous contraint de lire des textes en arabe ou en farci avant de devenir une prunelle de la nation à des milliers de kilomètres de votre lieu de naissance?
- Drôle de question! Pourquoi pas en hébreu pendant que vous y êtes?
- Parce que l’État hébreu ne marchande pas ses orphelins, c’est un leader dans le domaine des orphelinats.
- Pourtant, parfois j’ai l’impression d’avoir des racines juives.
- Et moi des ailes aux fesses.
- Je suis sérieux.
- Moi aussi.
- En effet...
- Étiez-vous contraint de lire des textes en arabe ou en farci? je répète.
- Vaguement, murmure-t-il... En farci peut-être mais je n’en suis pas certain.
- Ça se comprend, je consens. Votre mémoire cherche à vous protéger. D’ailleurs nous sommes tous munis de plusieurs de ces sonnettes d’alarmes et couvre-feux. Du corps comme de l’esprit.
- Est-ce une théorie ou le résultat de vos constations?
- De mes observations sur ma propre personne! Mais comme je ne suis pas unique en ce bas monde quiconque peut faire autant. Sauf si...
- Sauf si?
- Sauf si vous courrez plus vite que votre ombre comme la plupart des excités.
Un sourire chargé d’assurance se dessine sur son visage, qui me réchauffe le cœur. Je lui propose donc avec sincérité:
- Crachez à présent, sans vergogne ni hésitation, tout le mal dont Susana fait l’objet.
Il se lève d’un bond et m’annonce tout pressé:
- Sans refus, mais avant cela, il faut j’aille me libérer!...