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  • Franco et Yolanda (6, à suivre)

     Franco et Yolanda de Hank Vogel.jpgAprès que nous avons déballé tout notre savoir sur l’actualité toujours plus sombre et la météo morose et terminé, malgré cela, de siroter avec délectation mon breuvage à la bergamote et au lait de chèvre, je demande à Zita:

     - Pourquoi tu m’as traité de sorcier? Tu crois vraiment que je suis la cause de tes acouphènes?

     - Désolée, c’était plus fort que moi, me répond-t-elle... A moins que... que...

     - Je constate que je ne suis pas le seul.

     - Mais de quoi tu parles?

     - Non, rien... c’est une allusion de collégien un peu olé olé...

     - Collégien ou pas, vas au bout de tes pensées, bon sang!... Quel âge as-tu?

     Je souris bizarrement.

     - C’est quoi pour un bidonnage manqué? s’étonne-t-elle.

     - Tu te surpasses, ma chère.

     - Tu n’es pas simple à vivre.

     - Je suis d’accord avec toi... Tu ferais concurrence à ma psy.

     - Non, merci! Les dingues de l’immeuble  me suffisent largement.

     - De qui s’agit-il?

     - De tous ceux qui ne pensent qu’à ça en général, bon sang! crie-t-elle... Et de toi en particulier.

     Je souris de nouveau.

     - Tu fais exprès ou quoi? s’énerve-t-elle.

     Un petit silence s’installe entre nous. Réparateur, j’espère.

     Afin d’empêcher tout propos négatif de jaillir du fond de mes entrailles pour semer sa zizanie, je me mets à faire des grimaces.

     - Mais que t’arrive-t-il, l’ami? me demande Zita, quasi aussitôt, effrayée telle une infirmière novice sur un champ de bataille.

     Je profite alors de prendre le taureau par les cordes et j’essaye de lui en arracher une en lâchant :

     - Nous souffrons tous d’au moins un syndrome qu’on le veuille ou pas. Bénin ou  redoutable voire violant. Qui nous colle au cul comme une maîtresse jalouse ou insatiable. Moi, j’en ai deux aux fesses. Le syndrome du paillasson et le syndrome de l’évier ou du lavabo. Le premier est connu. Le second mérite de se faire connaître, bien que très semblable du précédent. Et... bon, bref! J’ai l’impression ça t’ennuie.

     - Oh non, oh non! réagit-elle. Au contraire, ça m’intéresse terriblement.

     Je poursuis donc:

     - L’absence de ma femme m’oblige à faire la vaisselle, forcément. Cela n’a rien d’anormal. Mais dès que j’ouvre le robinet de la cuisine, j’ai une envie folle d’uriner. Mon subconscient fait sûrement un rapprochement avec le fait que je pisse souvent dans le lavabo, proche de l’entrée, après que cette même envie archi pressante m’a traversé l’esprit devant ma porte ou dans l’ascenseur, en rentrant des courses... Nous sommes doubles voire multiples. Idem pour notre mémoire. Quant à toi...

     - Moi? s’inquiète-t-elle.  Quel est mon problème?

     - Chaque fois que tu dis, tu entends ou tu crois entendre la conjonction que ou le nom queue,  tu ajoutes illico presto le juron bon sang. D’où mes sourires.

     - C’est vrai?

     - Plus que vrai!

     - Et?

     - Ça cache quelque chose. De très profond.

     - Précise!

     - Un traumatisme ou un désir inassouvie d’ordre... d’ordre...

     - Quel genre d’ordre?

     - Sexuel probablement.

     Du coup, elle lève d’un bond et me crie  dessus en me menaçant du doigt:

     -  Fais attention, vieux vicelard! Zita ne veut pas dire zitta en italien.

     Et elle prend la fuite...