Au moment du dessert, la serveuse nous apporte des vermicelles en nous souhaitant pour la énième fois:
- Bon appétit!
Pour cela les Suissesses ne sont pas avares, me dis-je en la regardant s’éloigner. Et dire que les mauvaises langues prétendent le contraire, même pour cela. A moins qu’elle soit frontalière, portugaise ou ukrainienne...
Mais aussitôt Bushmulla attire mon attention en s’exclamant, rompant ainsi notre silence extraordinaire:
- Purée! C’est marrant, je n’ai jamais aimé les marrons.
- Vrai... ment? je bégaye.
- Non, je ne mens pas, me corrige-t-elle.
- Je sais. Désolé, ce trouble de ma parole vous a induite en erreur...
- Comme lorsque l’on essaye de s’exprimer en mangeant.
- Exactement!...
- D’où ce mutisme de tout à l’heure.
- Un longuet tout de même. Mais...
- Mais?
- La timidité est ou était peut-être aussi la cause, non?
- Certainement... De qui?
- Des deux, je crois.
- Merci pour votre sens de l’égalité.
- Il n’y a pas de quoi... Et?
- Et quoi?
- On fait quoi avec cette petite pâtisserie à la châtaigne? Vu votre exclamation.
- Je m’en souviens plus. J’ai dit quoi?
- Purée! C’est marrant, je n’ai jamais aimé les marrons...
- Ah, oui!
- Ce qui signifie?
- Que je suis prête désormais à tout goûter ... et, surtout, à mettre un terme à cette imagination maudite qui ne cesse de me coller aux fesses...
- Justement! Ne devions-nous pas en parler.
- Si! Mais apprécions d’abord ces merveilleuses vermicelles...