Après cette balade forcée et agitée, ou excursion excursive, me suggérerait mon ami Jules, avocat débutant mais très influençable, j’arrive enfin chez mes parents.
Aussitôt, ils m’assaillent de questions.
- Ça va, ça va! je crie. Vous êtes pires que les journalistes à la sortie des assises! L’un après l’autre! Chacun à son tour, comme à l’école! Il n’y a rien qui presse, que je sache!
- Depuis quand toutes ces exclamations? s’insurge mon père. Tu te prends pour qui maintenant? Et tu te crois où?
Je garde mon sang froid.
- Tu te prends pour qui? répète-t-il, agressivement.
- Il manque un terme, je murmure.
- Quel terme?... Mais de quoi parles-tu, fiston?
- Calme-toi, Papa!... Pense à ta santé avant tout, le reste c’est du pipi de chat.
- Et tu me conseilles maintenant, anarchiste de pacotille?
- Ulysse a raison, intervient ma mère. Tu t’énerves pour trois fois rien... Pourquoi tu insultes ton fils maintenant?
- Silence! je hurle... Qu’avez-vous tous les deux avec cet apophtegme maintenant?... Désolé d’avoir succombé moi aussi à ce fléau temporaire, par exprès bien entendu.
Et je ricasse.
Mes vieux restent bouche bée.
Puis, avec un profond sérieux, en apparence, je leur explique:
- Adesso, jetzt, now et maintenant ne cessent de figurer dans quasi toutes vos questions... comme si vous aviez une pendulette au cul ou plus proprement dit un réveille-matin aux fesses. Comme si hier et demain n’existaient plus et l’instant présent était à deux doigt d’agoniser. Qu’avez-vous, mes chers géniteurs? Souffrez-vous du syndrome 2022?...