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Deux mille vingt-deux (27, à suivre)

 Deux mille vingt-deux de Hank Vogel.jpgAprès cette balade forcée et agitée, ou  excursion excursive, me suggérerait mon ami Jules, avocat débutant mais très influençable, j’arrive enfin chez mes parents.

 Aussitôt, ils m’assaillent de questions.

 - Ça va, ça va! je crie. Vous êtes pires que les journalistes à la sortie des assises! L’un après l’autre! Chacun à son tour, comme à l’école! Il n’y a rien qui presse, que je sache!

 - Depuis quand toutes ces exclamations? s’insurge mon père. Tu te prends pour qui maintenant? Et tu te crois où?

 Je garde mon sang froid.

 - Tu te prends pour qui? répète-t-il, agressivement.

 - Il manque un terme, je murmure.

 - Quel terme?... Mais de quoi parles-tu, fiston?

 - Calme-toi, Papa!... Pense à ta santé avant tout, le reste c’est du pipi de chat.

 - Et tu me conseilles maintenant, anarchiste de pacotille?

 - Ulysse a raison, intervient ma mère. Tu t’énerves pour trois fois rien... Pourquoi tu insultes ton fils maintenant?

 - Silence! je hurle... Qu’avez-vous tous les deux avec cet apophtegme maintenant?... Désolé d’avoir succombé moi aussi à ce fléau temporaire, par exprès bien entendu. 

 Et je ricasse.

 Mes vieux restent bouche bée.

 Puis, avec un profond sérieux, en apparence, je leur explique:

 - Adesso, jetzt, now et maintenant ne cessent de figurer dans quasi toutes vos questions... comme si vous aviez une pendulette au cul ou plus proprement dit un réveille-matin aux fesses. Comme si  hier et demain n’existaient plus et l’instant présent était à deux doigt d’agoniser. Qu’avez-vous, mes chers géniteurs? Souffrez-vous du syndrome 2022?...

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