- Post vinum et salamicum, nos pauvres petites brebis méritent maintenant que l’on s’occupe d’elles, déclare gaiement  mon père à la fin de la collation, à la place de revenons à nos moutons sans doute.

 Le langage du diplomate, c’est souvent du faux miel voire de la mélasse au sens figuré, me dis-je.

 - Jusqu’à quand cet apophtegme te poursuivra-t-il? je lui demande.

 - Apoph... quoi?

 - Mon explication n’aura servi à rien.

 - Quelle explication?

 - Une preuve de plus que tu ne m’as pas écouté. D’ailleurs tu n’écoutes jamais personne. Mais tu en donnes malicieusement  l’impression. Eh oui, rarement un réajustement verbal! Ce qui te permet d’avoir plus de temps pour vanter les produits provenant de notre chère patrie qui n’a rien à foutre de toi et moi.

 - C’est vrai ce qu’il raconte et tu es d’accord avec lui, Madame Fos? s’adresse-t-il à son épouse.

 Elle dodeline de la tête.

 - Tu hésites à ce point-là? lui demande-t-il.

 - Non, vos éternelles interactions me donnent sommeille? répond-t-elle. C’est pire que d’assister à un débat politique... à ces querelles politiciennes qui finissent toujours en queue de poisson...

 - Comment le sais-tu? Tu est constamment  soit au four soit au moulin mais jamais au balcon.

 - Doublement bravo Papa! je m’exclame.

 - Pour quelles raisons? s’étonne-t-il.

 - Primo, c’est pour ta personnelle et audacieuse mise à jour de la fameuse expression. Secundo: pour une fois,  tu reconnais que ta chère et tendre épouse bosse comme une négresse, à la baraque, pendant que toi, tu passes tes journées à zieuter les gonzesses du bel endroit où elle ne se trouve jamais.

 - Que veux-tu insinuer? Que je trompe ta mère?

 - Qui se ressemblent s’assemblent, dit-on!

 - Je vois... Qu’as-tu contre mes collègues?

 - Tout!

 - Alors tu es un ingrat.

 - Vraiment?

 - Parfaitement.

 - Pourquoi?...