Et nous voici à la cafétéria du commissariat. Pardon, de l’hôtel de police.
- Et quel hôtel! dirait mon ami berbère, un ancien taulard qui a beaucoup voyagé dans le milieu carcéral. Un cinq étoiles en comparaison à la prison.
Mais qu’est-ce que je remarque en réalité?
Propreté, espace et une foule d’individus, en uniforme et en civil, qui pètent de bonheur. C’est-à-dire: qui se tutoient et qui ne cessent pas de se sourire.
Et j’ai la subite et étrange sensation de me trouver dans la cantine de la télévision de ma région où l’on s’admire et l’on se critique à la seconde qui suit, à longueur d’année.
Et! Et?
Comme d’habitude dans ce pays de cocagne, celui qui vous invite à boire un verre ne se sens nullement obligé de vous l’offrir. C’est chacun pour soi et Dieu pour tous.
- Tu prends quoi? me demande Pierre alias Pietro, en glissant un jeton dans le distributeur automatique.
- Un café avec sucre, je lui réponds tout étonné... Mais... mais...
- Laisse tomber tes mais pour une fois! Tu a déjà oublié mes origines?
- Pas du tout.
- Alors?
- ...
Il se tire un thé froid et nous nous installons à une table...