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Susana Perla (19, à suivre)

Susana Perla de Hank Vogel.jpg  Tchou-tchou, tchou-tchou... des immeubles, des immeubles, rien que des immeubles.

 Soit il boit trop de bière ou du vin blanc en suisse, soit il a un problème de prostate, ce loustic, me dis-je... Forcément, directement ou indirectement, la publicité y est pour quelque chose dans ce sacré pays où le gouvernement subventionne les gros vignerons et condamne les petits vendeurs de shit. Et dire que l’alcool tue par année dix fois plus d’individus que la drogue. Cela porte à croire qu’il y aurait de la complicité  parmi nos chers élus, non? La réponse est dans les airs. Comme bien d’autres! Et la confrérie des journalistes a d’autres chats à fouiller que de se noyer dans un verre de pinard, faute d’eau minérale non polluée. Ça me saoule tout ça!

 Et le damoiseau réapparait.

  - Côté cour ou côté jardin? je lui demande  spontanément.

 - Sur quelle scène? réplique-t-il tout ahurie  et il se réinstalle.

 - Le couloir du train, je lui explique.

 - Je ne vous suis pas.

 - Par où êtes-vous arrivé, par la droite ou par la gauche? Je ne vous pas vu entrer, mon attention était ailleurs.

 - Je ne m’en souviens pas... Est-ce important?

 - Oui et non.

 - Comment ça?

 - C’est que... c’est que...

 - Tout va très bien de ce côté-là, me coupe-t-il la parole, sèchement mais en me souriant bizarrement... Contrairement à d’autres, n’est-ce pas?

 Où veut-il en venir? je m’inquiète.

 - Pour qui toute question pose un dilemme, poursuit-il semblablement... Et rarement voire jamais un trilemme.

 Il a tout compris, me dis-je.

 - En somme, votre fameuse trinité, le vide, le beau et l’éternité, ne vous apporte plus rien, me fait-il remarquer. 

 - Vous avez raison, je confirme... Puisque plus rien n’est  vraiment important.

 - Vraiment vraiment? Et Susana alors?

 - C’est l’exception qui confirme la règle.

 - On me l’a jamais sortie, celle-ci!

 - On n’échappe pas totalement au conditionnement.

 - Soyez plus concret, s’il vous plaît!

 - Vous connaissez mon nom et mes prénoms, dans tous les sens, et moi rien de vous, ni à l’endroit ni à l’envers. Pourquoi?

 - Parce que vous ne m’avez pas demandé comment que je m’appelle.

 - Mais vous aurez pu vous présenter de vous-même, sans attendre ma demande... mais vous a préféré garder l’anonymat et ce non sans raison. Je me trompe?

 - Non.

 - Alors?

 - C’est à cause de mon syndrome.

 - Encore un?

 - Non, c’est toujours le même. C’est celui qui me pousse à lire à l’envers. Et tout ça à cause  de mes fixations tantôt sur les palindromes et tant sur les anacycliques. Vous me suivez?

 - Comme Diogène dans sa caverne... Une chose après l’autre, je vous prie.
 - Tant pis, je me dévoile!

 Et il se dévoile:

 - Le lundi de Pentecôte 2002, on m’a baptisé Otto Radar et tous mes problèmes viennent de ce jour de grâce... Vous me suivez maintenant?

 - Ma lanterne n’est pas magique.

 - Quelle différence y a-t-il entre Otto Radar et Radar Otto?

 - Aucune.

 - Pas pour moi.

 - Expliquez-vous!

 - Lus séparément, ce sont des palindromes  mais lus l’un suivi de l’autre, à l’endroit et l’envers, sont des anacycliques. Selon moi, bien entendu, vu que l’état et l’université me considèrent avant tout comme un Radar  parmi tant d’autres et moi comme un Otto...
   

 - OK, OK, avant que cela ne me donne le tournis! Passons à plus simple, pour nos neurones.
 
 - Bonne initiative! A vous donc l’honneur.

 J’inspire et j’expire plusieurs fois de suite puis je lui avoue:

 - Je me suis égaré dans ma caverne, je n’aurais pas dû surcharger et déformer ainsi ma déclaration par un pourquoi.

 - Quelle déclaration? s’étonne-t-il.

 - Vous connaissez mon nom et mes prénoms, dans tous les sens, et moi rien de vous, ni à l’endroit ni à l’envers...

 - Et quoi à la place?

 - Cela m’arrange.

 - Hein?

  - Cette phrase au lieu du terme interrogatif.

 - Dans quel but?

 - Afin que les informations nominatives vous  concernant ne me conditionnent pas davantage... Toute nouvelle étiquette sur un pot à pharmacie, n’est-il pas un soucie de plus pour le pharmacien? Car plus il y a de flacons étiquetés, plus les étagères s’allongent d’elles-mêmes et prennent ainsi de l’ampleur, de l’importance, en quelque sorte. Forçant le pharmacopole à devoir courir comme Saint Pierre ou Saint Paul pour ne pas perdre son monopole ou tout simplement son latin.

 - Merde alors?

 - Mais!

 - Mais?

 - Nous avons beau nous protéger du diable, certains démons échappent à notre contrôle. Repentis ou pas.

 - Cette fois-ci, c’est moi qui suis dans la caverne.

 - Allumez donc votre lanterne! je lui propose ironiquement.

 Et voilà qu’il me rejoue la même scène, m’obligeant ainsi à passer de mon dilemme rassurant à un trilemme angoissant...

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