Je stagne devant la porte de l’appartement de Double Z. Oui, je stagne car j’ai l’impression d’imiter involontairement une vieille stalagmite au fond d’une caverne.
Suis-je en train de me transformer en calcaire? je m’inquiète. Pour m’effriter ensuite et tomber en poussière avant mon ultime soupir?
Quel cauchemar! Quelle panique!
Malgré cela, je lève mon bras, je pointe mon index de la main droite vers la sonnette et je m’apprête à sonner.
Mais à ce moment précieux, la porte s’ouvre brusquement et Zuzana me crie dessus:
- A quoi tu joues, tête de nœud! Ça fait une heure que je t’observe derrière le judas.
- U... une... heure? je bégaye.
- Oui, une heure, répète-t-elle agressivement. Je ne souffre pas du syndrome du temps qui ne s’écoule jamais, moi! Tu veux quoi? Ou plutôt que cherches-tu? Tu avais l’air d’un spéléologue qui se grattait le cul sur une stalactite, debout dans une grotte il y va de soi....
- Ça alors! je m’exclame. Tu lis dans mes pensées maintenant?
- Mais de quoi tu parles?
- De la stalactite.
- C’est une image, rien de plus.
- Je sais.
- Alors?
- C’est plus au moins la même que je viens d’avoir. Seulement la mienne est plus logique que la tienne.
- Comment ça?
- Cela demande une sérieuse explication.
- Entre dans ce cas. Mais d’abord déchausse-toi ! Là où je crèche n’est pas une porcherie comme chez la plupart des locataires.
- Ça, c’est vrai, j’approuve.
Et j’obéis.