cynthia.vogel@gmail.com ge.vogel@gmail.com vogelhank@gmail.com

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le balcon de Vyborg (10, à suivre)

 Le balcon de Vyborg de Hank Vogel.jpgJe me regarde dans la glace de la salle de bain. 

 Oui, petit lieu, me dis-je. Mais grandiose bénéfiquement par rapport à tout ce que j’ai pu voir et avoir de réconfortant et de salubre pendant mes douze mois de service militaire. Et jamais seul. Ou, peut-être, qu’une seule fois. Je m’en souviens pas.

 - Ah, quelle merde ces douches à l’armée! je murmure.

 Lieux où l’on plaisante facilement en découvrant par mégarde le sexe de son voisin et en estimant que son propre organe de reproduction, la providence l’a mieux conçu. Mais où tout regard aussi, mitigé et prolongé, à notre égard individuellement, nous plonge dans une certaine inquiétude voire cette sacrée peur de devenir bientôt une proie... Bien que l’homosexualité soit interdite de ce pays, elle n’est pourtant pas inexistante. Les yeux parlent malgré eux. Et le plus absurde dans tout ça, c’est que certains, des plus farouches adversaires à ce type d’attirance et de comportement humains, finissent souvent par devenir les défenseurs les plus appréciés de cette communauté bizarroïde dont l’hérédité est abolie.

 - Merde au sexe! je crie.

 La porte s’ouvre à ce moment-là, ma mère entre comme une folle et me demande aussitôt, toute effrayée:

 - Que se passe-t-il, Erik? Tu l’as perdu aussi au combat.

  Je ne branche, je reste de marbre. Mais j’aperçois ma maternel et je me trouve face elle grâce au miroir.

 - Tu l’as perdu aussi au combat? répète-t-elle.

 Je souris.

 - C’est une question sérieuse, me dit-elle.

 - Le meilleur moyen pour de te rassurer, ce serait que tu examines toi-même son état, je lui explique. 

 - Je ne plaisante pas, fiston!

 - Moi, non plus, Ødis épouse d’Arne!

 - C’est quoi pour une façon de s’adresser à sa mère?

 - Et toi, de te préoccuper du seul objet à moitié foutu que j’ai ramené d’Ukraine?

 - Bon sang! De quoi parles-tu?

 - Mais de la kalachnikov!... Pourquoi, ta copine, l’armurière pourrait la réparer? Je n’y tiens pas spécialement. Et à quoi bon? Ça ne ferait pas ressusciter mon meilleur compagnon de guerre pour autant.  

 Ma soucieuse mère ferme les yeux et elle disparaît de ma vue...

Écrire un commentaire

Optionnel