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  • Ma Louise alias Carmen (11, à suivre)

     Ma Louise alias Carmen de Hank Vogel.jpgElle tire une grimace, également difficile à cerner.

     J’aurais dû étudier à fond la science ou les sciences concernant les sourires et les grimaces, me dis-je. Et non pas me contenter de feuilleter de temps à autre le bréviaire destiné aux futurs physionomistes professionnels qui finissent presque tous comme agents de sécurité dans une boîte de nuit ou un casino.

     -  A quoi tu penses? me demande-t-elle. Tu as l’air tout contrarié.

     - Tu es sûrement plus douée que moi? je lui réponds, rudement étonné de son observation... Ou alors tu serais meilleure metteur-en-scène que moi.

     - Mais je ne connais rien au théâtre.

     - Dans le cinéma et non pas dans ce milieu de gueulard, si tu préfères. 

     - Pour quelle raison?

     - Ta facilité spontanée à lire sur le visage de quelqu’un...

     - Je suis vraiment désolée.

     - Désolée, pourquoi?

     - De t’avoir  sous-estimé en utilisant un à la place de le.

     - Je ne comprends pas.

     - Tu travailles bien dans le cinéma et non pas dans un cinéma, n’est-ce  pas?

     - Je travaillais... mais dans l’audiovisuel, mon ultime graine-pain.

     - Et les bobines alors?

     - Ce sont celles de mon dernier film pas encore monté... en tant que cinéaste indépendant.

     - Mais tu filmes aussi en VHS?

     - A titre d’exercice ou pour tuer le temps.  La pellicule 35mm coûte une fortune pour un fauché comme moi...

     - Tu me dis ça dans l’espoir de récupérer ton fric? Je ne suis pas la Sœur Teresa, tu sais.

     - J’ai une tête à ça?

     - Cesse avec ton expression pleurnicharde, s’il te plaît! Tu me rappelles mon père.

     Tout à coup, son portable se met à vibrer.

     Elle grimace et sourit aussitôt. Elle répète plusieurs ce jeu facial à ne rien comprendre, forcément, puis elle me dit avec un regard stoïque:

     - Je dois répondre, c’est un client...