- Tout dépend de votre relation.

 - Précisez.

 Je m’apprête à lui expliquer le fondement de ma pensée mais voilà qu’il se lève d’un bond en me disant tout agité:

 - Désolé, il y a urgence ailleurs.

 Et il disparait du compartiment.

***

 Tchou-tchou, tchou-tchou... et le paysage défile allégrement sous mes yeux. Ou plutôt beautés, couleurs, ordre et harmonie.

 Et j’ai la vague impression d’être retourné en enfance. Où l’âme respire et grandit par ce qu’elle découvre.

 - Bizarre, bizarre, je murmure.

  Ai-je déjà vécu ce moment-là? je me demande. Encore un déjà-vu qui mettrait du beurre dans les épinards de mon psy?

 Une jeune femme entre dans mon compartiment, nous nous saluons vaguement, c’est-à-dire, de part et d’autre, par un léger mouvement de la tête et un frémissement des lèvres totalement muet, et elle s’assied en face de moi, exactement à la place du voyageur qui vient de s’absenter.

 A peine installée, je me permets donc de  me dire, à haute voix et en souriant:

 - Qui va la chasse perd sa place.

 Et elle poursuit froidement:

 - Et quand il revient, il retrouve sa chienne. N’est-ce pas?

 Je suis tout confus.

 - C’est que... que que, je bégaye.

 - Même les chiennes ont une queue, me sort-elle. Non?...  Pourquoi n’auraient-elles pas aussi le droit? 

 Merde! Dans qu’elle galère me suis-je fourré? je rumine pendant un laps de temps...