Une heure plus tard, je reçois sur mon portable un numéro anonyme.
Et, pareillement aux autres fois, je me pose la même question:
Est-ce un envoyé du diable ou la chance de ma vie?
J’hésite un bref instant puis je réponds:
- C’est qui?
- C’est moi.
- Vous qui?
- Zuzana, ta chérie. Tu ne reconnais pas ma voix?
- Si.
- Alors?
- Qui t’a donné mon numéro?
- Ta chère maman.
- Ma mère?
- Non, sa sœur qui est au ciel.
- Laisse les morts tranquilles!
- A condition que tu me pardonnes.
- Quel rapport?
- Aucun... Je veux... je veux...
- Tu veux quoi?
- M’excuser pour hier soir... Je ne sais pas ce qui m’a pris. C’était plus fort que moi. Dû à une peur extrême sans doute.
- La peur de quoi?
- De fondre dans tes bras. Telle une braise dans le creux d’un feu ardent.
- Tu te fous de moi. Je ne crois pas.
- Tu as tort. Car c’est la vérité, la stricte vérité...
- Cela m’étonne fortement.
- Dans ce cas, tu mourras célibataire.
Et elle raccroche.
≠
Dix secondes s’écoulent et voilà qu’elle me rappelle.
- Tu veux quoi encore? je lui demande.
- Rien, je voulais juste m’excuser, me répond-t-elle.
- Tu l’as déjà fait...
- Oui, mais...
- Mais quoi?
- Je n’ai pas entendu ou senti la moindre tentative d’une éventuelle acceptation.
- Il ne fallait pas raccrocher.
- Vraiment?
- Je n’ai pas dit oui. Si je pense ce que tu penses.
- Et, d’après toi, qu’est-ce je pense?
- En ce moment?
- Non, l’année passée.
- ...
- Tu es là?
- Non, à Chicago.
- Ça t’arrive d’être sérieux?
- Et toi alors? C’est vraiment la merde qui se fout des chiottes...
- Ne sois pas vulgaire avec moi!
- OK, OK! Mais à condition que tu me traite pas comme un gamin.
- Tu as un complexe ou quoi? Car ce n’est la première fois que tu me sors ça.
- Et c’était quand l’autre fois?
- Il n’y a pas si longtemps.
- Quand exactement?
- Aurais-tu une âme de flic?
- D’après mes parents, certainement.
- Je n’aime pas ça.
Et elle raccroche de nouveau...