Le lendemain matin, en revenant de la boulangerie, je tombe sur mon ami Raoul qui me demande sur-le-champ d’un air joyeusement mitigé:
- Tu ne connais pas la meilleure?
- Non, raconte, je t'écoute, je lui réponds. Mais à condition que ce n’est une blague concernant le front...
- Pour qui me prends-tu?
- OK, accouche!
- Je crois que tu as le ticket avec la petite.
- Quelle petite?
- Mais Lili, bon sang! La fille de hier, celle de mon patron...
- Ah bon?
- C’est tout ce que ça te fait?
- Ben ouais!
- Tu ne vas pas me sortir aussi que tu l’as déjà oubliée... avec tes problèmes de cerveau?
- Non, mais je n’ai pas la tête à ça en ce moment. Et puis... et puis...
- Quoi?
- Qu’est-ce qui te fait dire que j’ai un ticket avec cette gonzesse?
- Elle me l’a clairement fait savoir.
- Comment?
- De vive voix!
- Soit?
- Soit! Elle te trouve plus beau qu’avant. Bien qu’elle a failli ne pas te reconnaître si...
- Si quoi?
- Si je n’avais pas cité ton nom.
- Et?
- Et quoi?
- Va te faire foutre! Puisque tu ne crois pas...
- Mais si, je te crois, bordel!... C’est que c’est trop lourd tout ça pour mes neurones.
Et chacun part de son côté.
Fâchés? Non, mais peut-être froissés en apparence pour ceux qui ont les yeux en face des trous. Car l’amitié nous force à se pardonner aussitôt...