Après cet éclatement ou plutôt de fou rire qui dura plusieurs minutes, du jamais vu dans cette mini-cité où nous n’osons même pas sourire publiquement plus de dix secondes de peur que nos autorités s’imaginent que nous sommes en train de nous moquer d’elles et qu’elles nous foutent en taule pour cela, je dis à mes complices tous azimuts:
- Les absurdités de ce monde, qui ne nous touchent pas de près, nous font du bien malgré elles... Exemple: ce ridicule homme des mauvais états qui jongle avec les taxes, ces journalistes sportifs qui portent au pinacle ces skieurs et surtout ces skieuse qui pleurent à chaudes larmes après chaque chute, ces douaniers armés jusqu’aux dents qui contrôlent les colis dans les locaux de la poste... et j’en passe et des meilleurs. Comme dit le proverbe: tout mal ne vient pas forcément pour nuire mais parfois pour chatouiller ceux qui marchent sur les œufs... Chers vous tous, presque tout est faux actuellement dans toutes les sociétés. La démocratie est en régression dans la plupart des régions. Excepté peut-être en Scandinavie. D’où nous sommes originaires.
- Remercions donc Notre Seigneur! crie une voix.
Murmures et ricanements dans la salle.
Que dois-je penser? je me demande... Je me sens partagé. A cheval entre les croyants et les athées.
Alors, par miracle ou pas, il me vient à l’idée:
- N’oublions jamais que le christianisme n’a vu le jour au pays de nos ancêtres que vers l'an 1000. Après le couronnement du roi Olof Skötkonung, devenu chrétien grâce ou à cause de sa mère Sigrid Storråda, qui fut reine de Suède et du Danemark. Et que ce monarque n’a jamais interdit la moindre pratique relative au paganisme durant tout son règne... Alors?
- Je ne suis pas? réagit Numéro 7... Où veux-tu en venir?
- J’ai lu dans Charlie Hebdo, un journal français, je cite: en Russie, la religion majoritaire orthodoxe lutte sans relâche, en collaboration étroite avec le régime politique, contre ces pratiques jugées païennes... Et...
- Et quoi?
- Le roi Of et son entourage avaient un esprit plus ouvert que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui. Donc... donc...
- Donc?
- Agissons comme nos aïeuls. C’est-à-dire: admettons ce que nous refusons d’admettre sans devoir se plier en quatre pour autant.
- Ni imiter ceux qui ne raisonnent pas comme nous! crie Astrid No 2.
- Surtout pas! j’approuve de vive voix.
Et c’est le festival des applaudissements.
Du coup, je me pisse parmi, bien qu’à moitié, et je cours aussitôt aux toilettes.
- Traumatisme dû à la guerre sûrement, je murmure, en me débarrassant du reste...