Trois minutes plus tard, une jeune fille lui apporte le café. 

 Elle est belle. Splendide aux yeux de Charly. Du jamais vu. D’où est-t-elle tombée? De Venus?

 L’ex-prisonnier est tout ébloui.

 - Comment un être aussi magnifique peut-il travailler dans un tel endroit? dit-il en s’adressant à la demoiselle.

 - Pardon?

 Elle était ailleurs. Avec son petit ami, probablement.

 - Vous êtes trop classe pour bosser ici, lui explique-t-il.

 Elle est toute flattée, toute souriante. Elle ne sait pas quoi répondre. Alors elle grimace.

 - J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas...? demande Charly.

 - Non, non, vous avez été très correct, peut-être un peu trop, répond la serveuse sans le moindre accent. Ou avec un léger accent régional soutiendrait un phonéticien surdoué.

 - Étudiante n’est-ce pas?

 - Quand les moyens me le permettent.

 Subitement quelques images éclatent dans  la cervelle de Charly. Des images naïves. Des images d’une civilisation hors imagination. Les riches doivent aider les pauvres. Quelle belle loi! Inexistante pour l’instant. Ni dans l’esprit, ni dans le cœur des hommes. Ou que rarement. Archi rarement. Donner à l’autre ce dont il a terriblement besoin. Mais donner en toute innocence. Sans attendre quelque chose en retour. Ce quelque chose si brumeux. Si cher aux vaniteux, aux profiteurs et aux exploiteurs.

 - Vous paraissez rêveur, dit la jeune fille à Charly. Qu’est-ce qui ne va pas?

 - Tout va chez moi, répond-t-il tout agité. C’est le monde qui ne va pas.

 - Pourquoi selon vous?

 - J’aurais quelque chose à vous proposer mais...

 - Mais?

 - Vous prendriez cela mal.

 - Proposez toujours.

 - J’aimerais vous aider. 

 - Et comment?...