- Je laisse mijoter cette semi-parabole et je vous répondrai plus tard.
- Tu! s’exclame-t-il. On se connait, bordel! Nous nous sommes connus dans notre jeunesse.
- En tout cas pas dans un tel endroit, dis-je d’un ton amusé. Vu qu’à cette époque, j’étais terriblement fauché.
- Mais généreux.
- Possible.
- Pas possible, c’est certain... Mon visage ne te dit rien, je comprends. Mais ma voix?
- Ni plus ni moins. Désolé, ma mémoire auditive est quasi nulle. Par contre la visuelle est encore assez bonne voire excellente. A condition que... que...
- Que la merde du chat ne fasse pas de l’ombre au pachyderme, c’est ça?
- C’est ça?
- Et si... Facchino, ce nom propre que tu as sûrement dû lire souvent au tableau noire, ça t’évoque quelque chose ou quelqu’un?
- Parfaitement.
- Quoi ou qui?
- Un camarade d’école.
- Qui exactement?
- Pietro Facchino...
E subito presto, ça fait tilt dans ma tête et je ramène ma science:
- Par association d’idées, le principal voire l’unique outil de l’intelligence, ce fils d’émigré a probablement francisé son nom pour soi-disant mieux s’intégrer dans la population mais surtout pour entrer plus facilement dans la police... suis-je sur une mauvaise voie?
Le commissaire me tire la langue.
- Je te reconnais à cent pour cent maintenant! dis-je avec joie.
Et avec étonnement et une pointe de tristesse:
- Mais ta frimousse endurcie, que lui est-il arrivé? Pourquoi une telle métamorphose?
Il hésite un instant puis il m’explique d’un air faussement décontracté:
- J’ai dû subir plusieurs opérations esthétiques à cause d’un très grave accident de la route. Un camion n’est rentré dedans. Ma voiture à pris feu et je me suis retrouvé au service des grands brûlés. Heureusement à part ma frimousse endurcie, comme tu dis, le reste n’a rien eu... Bref! Je ne t’ai pas fait venir pour te raconter ma vie...
- Dommage!
- Encore une de tes paradoxes?...