De rues en ruelles, de grands pas en petits pas, ou inversement, nous arrivons finalement à son présumé logement.
Stupéfait par l’ordre, la propreté et la simplicité du séjour de son appartement, je déclare joyeusement à Louise:
- C’est sympa chez toi, on se croirait dans l’antichambre du paradis. J’y installerais bien pour l’éternité.
Elle sourit puis elle tire une grimace et m’avoue:
- Malheureusement, ce n’est pas chez moi.
- Chez qui alors?
- Chez moi mais on me le prête... C’est une sous-location.
- J’avais compris.
- Comment ça?
- Il n’y aucun nom sur la porte d’entrée.
- C’est la décision du proprio. Et je suis d’accord avec lui.
- Ni vue, ni connue, ainsi la sourie est à l’abri des vilains matous...
- Sache qu’à part toi, aucun mâle n’a jamais mis les pieds ici.
- Ça me flatte, ce que tu viens de me dire...
- Mon vrai chez moi se trouve à Paris.
- Pourtant, pourtant... tu n’as pas l’accent d’une...
- Cesse de jouer au flic! me lance-t-elle en me coupant ainsi la parole et elle court illico presto à la cuisine, je suppose.
Inexplicablement, je me sens tout à coup abandonné, paumé, quasi forcé à contempler la nudité des murs tel un journaliste perdu dans un musée totalement dévasté.
Une minutes plus tard, plus ou moins, Louise reviens avec une bouteille de vin blanc dans une main et un tire-bouchon dans l’autre, pose le tout la petite table à manger qui se trouve devant moi et me dit gaiement:
- C’est du Monbazillac, mon vin préféré... Tu peux l’ouvrir, si tu veux, t’asseoir et m’attendre gentiment pendant que je fignole ce que j’ai préparé ce matin.
Et elle retourne allégrement à ses fourneaux ou plutôt vers son micro-ondes...