Oui, mais!
Petite parenthèse: mon ex chef de service, à l’université de Genève, où on y entre professionnellement soit par un pur hasard de circonstance que je saurais définir, soit par copinage la plupart du temps vu le nombre de cousins proches et éloignés qu’il y a dans cette institution, me gronda un jour en me reprochant:
- Pourquoi vous ripostez par des oui mais à mes ordres?
Je fis une grimace puis je souris.
- C’est ça votre explication? me demanda-t-il.
- Sans doute, je lui répondis.
Et j’ajoutai en silence:
- Car un simple oui te donnerait des ailes et tu ne mérites pas ça, chef de mes deux.
Et j’espère que vous, lecteur ou lectrice, vous comprendrez parfaitement le sens exacte de cette locution nominale.
Bref! j’ai souvent entendu:
- Parole de flic, parole de pute!
Mais jamais l’inverse. Sans doute parce que le coeur de la prostituée est plus ouvert de celui du policier.
La preuve:
Un quinzaine de jours plus tard, voire davantage. C’est dimanche matin. Mon téléphone, accroché au mur, sonne. Je décroche et une voix féminine me propose:
- Veux-tu faire l’amour avec moi ou préfères-tu partager mon repas?
- C’est Louise?
- Qui d’autre?
- Qui t’a donné mon numéro?
- Personne, il est collé sur ton vieux joujou... Je l’ai recopié au cas où... pendant tu ronflais...
- Désolé, mais c’était juste une expérience...
- J’imagine, j’imagine! Alors accepte la deuxième part de mon gâteau.
- Comment ça?
- Je t’invite pour une bouffe.
- Au resto?
- Tu as peur que je me tire aux chiottes au moment de régler la note?
- On ne sait jamais.
- En somme, tu n’as pas confiance en moi, n’est-ce pas?
- Oui, mais.
- Mais quoi?... Suis-je aussi méprisable que ça?...
- Au contraire, tu es plus proche de l’ange que du démon. Un ange déchu qui mérite pourtant de pouvoir revoler de ses propres ailes mais... mais...
- Arrête avec tes mais et tes phrases surréalistes! Je t’invite à manger chez moi, acceptes-tu? Oui ou merde?
- Oui mais... où habites-tu?
- Je viens te chercher...