Après une dizaine de jours de voyage, Henriette d’Orbe à califourchon sur son cheval au pas, à côté du Comte de Montbéliard, suivis par leurs serviteurs et une petite armée de chevaliers, demande à son grand-père:
- Mais quelle langues parlent-ils ces personnes souriantes qui nous croissent?
- Le Schwäbisch, lui répond le vieil homme.
- Quoi! s’exclame-t-elle.
- Le Schwäbisch, répète-il... Ou le souabe, si tu préfères. C’est un dialecte germanique...
- Ce qui veut dire que nous ne sommes plus su nos terres, n’est-ce pas?
- Sans aucun doute mais sur les tiennes de demain certainement.
- Comment ça?
- Veux-tu épouser un prince ou non?
- Si!... Mais au fait, ces gens, que cherchent-ils à nous faire savoir en baisant leur tête?
- Rien, ils nous souhaitent tout simplement la bienvenue.
- Ce qui signifie que tu comprends leur langue...
- En effet! Mais je la parle aussi... un peu.
- Vraiment? Prouve-le donc!
Alors le vieux comte bafouille, dans les termes d’autrefois:
- Herzliches Willkommen.
Et la jeune Henriette s’écrie aussitôt en grimaçant:
- Tout sauf ça!