Une heure plus tard, je frappe sur l’encadrement de la porte du bureau de sieur mon dirlo et je lui demande en criant:
- Chef, je suis là! Puis-je enter?
- Non, tu ne peux pas! me répondit-il sur le même ton.
Mais il se rétracte aussitôt en me disant d’une voix posée:
- Plutôt oui mais à une seule condition.
- Laquelle? je murmure.
- Que tu me dévoiles tes connaissances sur l’univers carcéral.
- C’est-à-dire?
- Combien de détenus crois-tu qu’il y ait sur terre?
- Si ma mémoire est bonne, d’après ce que j’ai lu: 11 millions dans le monde dont 3 millions en préventive, 1,8 million aux États-Unis, 1,69 million en Chine...
- OK, OK! Et chez nous?
- Pas loin de 7 mille dont les sept dixièmes sont des étrangers.
- Pourquoi?
- Question d’éducation selon certains éducateurs et les bien-pensants, question de racisme selon les autres.
- Qui ça?
- Je ne les connais pas.
- Je vois... Et quelle est la meilleur prison au monde?
- La nôtre, bien entendu.
- C’est faux! Je croyais aussi... Tes lectures sont donc insuffisantes...
- Elle se trouve où?
- En Norvège, sur l'île de Bastøy.
- Puis-je entrer maintenant?
- Pour quoi faire?
- Rédiger un rapport avec ta secrétaire...
- Qui ça?
- Mademoiselle Marie-Madeleine... ton assistante ou secrétaire.
- Tu vois bien qu’elle n’est pas là, non?
- Si.
- Alors?
- Il y a une heure tu m’as conseillé de revenir dans une heure.
- Et?
- J’ai suivi ton conseil.
- Elle n’est pas là, t’ai-je dit.
- Je fais quoi à la place? L’attendre comme un piquet de garde jusqu’à ce qu’elle revienne ou... ou...?
- Ou quoi?
- A toi de me le dire au cas où je ne raisonne pas juste.
- C’est-à-dire? Non, accouche!
- Le rapport concernant la détenue Virgule, dois-je le taper moi-même sur mon propre ordinateur donc chez toi? Puisque... puisque...
- La miss n’est pas là, c’est ça?
- C’est ça!
Il se frotte le front puis il m’avoue quasi avec joie:
- Tu es à l’opposé de tous tes collèges et je t’en félicite. Eux, ils n’osent pas chercher midi à quatorze de peur de passer un mauvais quart d’heure avec moi, par contre tézigue tu oses parce que pour toi les heures comptent pour beurre. C’est donc pour cela que j’accepte volontiers ta proposition... en guise de récompense.
- ... .
- Oust!... Et salutations à ton paternel!...