cynthia.vogel@gmail.com ge.vogel@gmail.com vogelhank@gmail.com

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Hank Vogel

  • L'étranger aux yeux bleus (5, à suivre)

    L'étranger aux yeux bleus de Hank Vogel.jpgL’étranger:
        •    On a peur parce qu’on pense. La pensée, l’imagination nous joue souvent de mauvais tours.

     La serveuse:
       •    Oui, c’est vrai, je l’avais oubliée. Cette salle bête!

     L’étranger:
      •    Ne pensez pas! Laissez-vous aller. Ne revivez pas ce cauchemar.

     La serveuse:
       •    Qui êtes-vous exactement?

     L’étranger :
       •    Je vous en prie, ne soyez pas comme ces gens qui attribuent à chaque chose peu commune un mystère. Je vous le dis pour la énième fois, je ne suis qu’un berger aux yeux bleus. Là où j’habite, il n’y a que du sable, un puits d’eau, quelques montagnes rocheuses, trois sortes d’animaux domestiques, des scorpions, des serpents, des faucons, des passereaux et des hommes au visage brûlé par le soleil.

     La serveuse:
       •    C’est tout ce qu’il y a?

     L’étranger:
       •    Oui, c’est tout ce qu’il y a et c’est plus que assez pour vivre.

     La serveuse:
       •    Mais qui vous a appris l’art de prédire l’avenir et notre langue?

     L’étranger:
       •    Voire langue? C’est une très vieille histoire qui date de quelques dizaines d’années. Une très très vieille histoire.

     La serveuse:
       •    Vous ne voulez pas me la raconter?

     L’étranger:
       •    Pour satisfaire votre curiosité?

     La serveuse:
       •    Les femmes sont curieuses?

     L’étranger:
       •    Je sais, je sais! Je vous la raconterai plus tard.

     La serveuse:
       •    Pourquoi pas maintenant?

     L’étranger:
       •   Ne soyez pas un enfant. Je sens qu’il n’est pas nécessaire de vous la raconter maintenant. Parlez-moi plutôt de votre petite Lulu.

     La serveuse:
       •   Vous connaissez même le nom de ma fille?

     L’étranger:
       •   C’est vous qui me l’avez dit.

     Serveuse:
       •   Oui, c’est vrai. C’est fou comme j’oublie vite....

     L’étranger:
       •   Aucune importance! Laissez-vous aller.

     Le serveuse:
       •   Suis-je encore assise sur des oeufs?

     L’étranger:
       •   Nous n’en avez pas l’air... Vous aimez beaucoup votre fille?

     La serveuse:
       •   Follement! Lulu, c’est une gentille petite fille... j’ai tort. N’ai-je pas tort? Dites-moi que j’ai tort.

     L’étranger :
       •   Puisque vous croyez que vous avez tort, alors pourquoi persistez-vous à la faire souffrir?

     La serveuse:
       •   Vous voulez vraiment savoir pourquoi? Parce qu’Alphonse est faible et moi une misérable femme.

     L’étranger:
       •   Alphonse, c’est votre mari?

     La serveuse: ;
       •   Mon ex-mari. Ex-mari parce que nous vivons séparés l’un de l’autre.

     L’étranger:
       •   Mais il n’y a qu’un pas à faire et votre problème si lourd à supporter se volatilisera dans l’air come de la fumée.

     La serveuse (en souriant):
       •   Vous êtes un poète.

     L’étranger :
       •   Beaucoup d’hommes politiques résonnent come vous, ils se disent Ce n’est pas facile! et le temps passe et leur plaies grandissent. Vous avez peur de perdre votre autorité, votre dignité. Et votre Lulu souffre. Lorsque les choses tournent mal, il faut agir rapidement. Songez au navire qui chavire, songez aux naufragés qui luttent contre la mort. Leurs gestes sont accélérées, toute leur attention est axée sur la survie. Oubliez vos œufs et ne pensez qu’à une seule chose, à sauver votre petite Lulu, à l’éloigner du désastre... N’aimez-vous  pas votre fille?

     La serveuse:
       •   Je l’aime, je l’aime... mais ce n’est pas facile.

     L’étranger:
       •   Ne soyez pas comme ces politiciens pessimistes et inactifs. La réussite dépend de votre courage et de votre foi. Beaucoup de femmes gâchent leur vie parce qu’elles ne veulent pas dépendre d’un homme, elles veulent se sentir libres. Mais se trompent. La liberté qu’elles recherchent n’est qu’un tas de sable, une dune que le vent efface en peu de temps. La vraie liberté, c’est le désert tout entier... les sourires de leur entourage, les fleurs qu’elles cueillent, l’air qu’elles respirent avec leurs poumons, l’eau qu’elles goûtent avec saveur... L’aiglon saute dans le vide et devient aigle et s’occupe à son tour de ses petits. Chez nous on dit: Comment peut-tu être libre avec ces soucis ridicules qui te rongent l’esprit et qui t’empêchent de faire ton devoir d’épouse et de mère et qui te met dans un état de recherche? Ne cherchez pas ailleurs ce que vous pouvez trouver au fond de vous-même, car ce qui est ailleurs est fable et légende. Ailleurs l’eau a toujours le même gout d’eau et le sourire d’un gosse est toujours un sourire de gosse. Ayez courage! Faites vos valises et allez vers votre mari. Dites-lui ce que vous avez dans le cœur.

     La serveuse:
       •   Mais que dira mon patron?

    L’étranger:
       •   Est-ce lui le plus important?

     La serveuse:
       •   Cette salle bête? Qu’il aille se faire... Excusez-moi, monsieur, mais dès que je pense à lui, j’ai le sang qui me monte à la tête.

     L’étranger :
       •   Raison de plus pour mettre fin à cette colère. On gaspille de l’énergie pour rien.

     La serveuse:
       •   Vous savez raison, on gaspille de l’énergie pour rien... Mais vous vous rendez compte ce que vous me demandez?

     L’étranger :
       •   Je vous demande rien. J’ai tout simplement lu dans vos yeux et votre bouche s’est mise à parler.

     La serveuse:
       •   Que dira-t-i1?

     L’étranger:
       •   Ce que tout être égoïste et insensible dit. Il se mettra à grogner puis à vous supplier de rester.

     La serveuse:
       •   Et si je le prends en pitié?

     L’étranger:
       •   Et si votre file meurt?

     Le serveuse (effrayée):
       •   Mon Dieu! Ne dites pas une chose pareille!

     L’étranger:
        •   Voulez-vous être la proie des requins où la gagnante de l’océan?

    La serveuse:
       •   J’aime ma petite Lulu et j’aime...

     L’étranger:
       •   Lui aussi... Votre mari est un homme bon et il mérite votre confiance.

     Le serveuse:
       •   Vous ne le connaissez pas.

     L’étranger:
       •   Si, je le connais.

     La serveuse:
       •   Vous l’avez vu, réellement?

     L’étranger:
       •   Assurez-vous, Madame, je ne l’ai vu qu’à travers vous. Il est bon mais aussi influençable, faible. Il  n’est pas le seul sur cette terre à être ainsi, il y  un tas d’hommes comme lui qui se laissent influencer par des amis ou des parents et qui, brusquement voient la vérité, la réalité en face d’eux et agissent comme des volcans....