cynthia.vogel@gmail.com ge.vogel@gmail.com vogelhank@gmail.com

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Hank Vogel

  • L'étranger aux yeux bleus (4, à suivre)

    L'étranger aux yeux bleus de Hank Vogel.jpgL’étranger:
         •    Nous nous sommes bien compris jusqu’à maintenant, n’est-ce pas vrai?

     La serveuse:
         •    Oui, c’est vrai. C’est peut-être parce que je n’ai pas l’habitude. Ici, les hommes boivent et se racontent toute la journée les mêmes histoires cochonnes. Boire et des histoires cochonnes, c’est tout ce qui leur intéresse, on dirait.

     L’étranger :
         •    Le monde est monde partout...

     La serveuse (en se levant brusquement):
         •    J’entends du bruit.

    L’étranger (en haussant la voix):
         •    Un café crème, s’il vous plaît, mademoiselle!

     La serveuse (en se dirigeant vers le réfectoire):
         •    Bien, monsieur!

     Un homme, le ventre bombé et le visage  abîmé par l’alcool, entre d’un pas indécis, salue vaguement l’étranger puis s’approche du réfectoire.

     La serveuse (en préparant le café):
         •    Bonjour, patron!

     Le patron:
         •    Qu’est-ce qui vous prends de m’appeler patron? On ne s’est pas déjà vu aujourd’hui?

     La serveuse:
         •    Si.

     Le patron:
         •    Vous n’avez pas un peu bu, par hasard?

     La serveuse:
         •    Vous me connaissez. Suis-je capable de faire une chose pareille?

     Le Patron:
         •    Je ne sais plus. De nos jours les hommes changent si vite de camp...

     La serveuse:
         •    Avant que j’oublie, votre frère est venu apporter la caisse de bouteilles.

     Le patron:
         •    C’est bien, c’est bien... où l’avez-vous mise?

     La serveuse:
         •    Il l’a descendue à la cave.

     Le patron:
         •    C’est bien, c’est bien... Il n’y a pas grand monde aujourd’hui.

     La serveuse:
         •    C’est peut-être le temps.

     Le patron:
         •    Le temps? Vous aussi vous croyez à l’astrologie?

     La serveuse:
         •    Le temps, ce n’est pas l’astrologie.

     Le patron:
         •    Vous ne changerez jamais... C’est pour qui ce café?

     La serveuse (à voix basse):
         •    Bein, pour le monsieur.

     Le patron (tout énervé):
         •    Vous vous en foutez comme d’habitude! Je vous le répète pour la millième fois: débarrassez d’abord, servez ensuite!

     La serveuse:
         •    Mais monsieur n’a pas encore fini son café et il désire un deuxième.

     Le patron (à voix basse):
         •    Quelle idée!

     La serveuse se dirige vers l’étranger. Le patron fouille dans la caisse.

     L’étranger:
         •    Merci, mademoiselle.

     La serveuse:
         •    Il est bon le café?

     L’étranger:
         •    Très, très bon. C’est du brésilien?

     Le serveuse:
         •    Je ne sais pas. Il faut demander ça au patron... (Au patron): Patron! Le café, c’est du brésilien?

     Le patron:
         •    Pourquoi, il n’est pas bon?

     La serveuse (à haute voix):
         •    Monsieur demande s’il vient du Brésil. Monsieur le trouve très bon.

     Le patron (vaguement):
         •    Bien sûr, bien sûr. 

     Puis d’un pas rapide, il sort en claquant la porte.

     La serveuse (en lustrant une table avec son torchon):
         •    Faut pas vous en faire, il est toujours comme ça... chaque fois que la caisse est vide.

     L’étranger:
         •    Drôle de bonhomme!

     Le serveuse:
         •    A qui le dites-vous. Ça fera bientôt deux ans que je le supporte.

     L’étranger:
         •    Quelque chose ne tourne pas rond dans sa vie conjugale.

    La serveuse:
         •    Tout juste!... Sa femme, c’est elle qui porte le pantalon... et, entre nous soit dit, elle le fait cocu.

     L’étranger:
         •    Cocu?

     La serveuse:
         •    Elle le trompe, elle sort avec d’ autres...

     L’étranger:
         •    Pauvre homme!

     La serveuse:
         •    Pauvre homme? Il le mérite.

     L’étranger:
         •    Dictateur au travail, petite brebis à la maison... cheval enragé à la maison, enfant sage au travail.

     La serveuse:
         •    Oui, vous avez raison, c’est parfaitement ça.

     Elle s’approche de la table de l’étranger.

     L’étranger:
         •    Vous voulez vous rasseoir? Agissez donc!

     La serveuse (en se rasseyant en face de l’étranger):
         •    C’est incroyable comme vous pouvez tout deviner.

     L’étranger:
         •    Tout ce lit dans vos yeux et je ne fais que de lire.

     La serveuse:
         •    Vous lisez dans les yeux des gens?

     L’étranger:
         •    Oui, je les pénètre.

     La serveuse:
         •    Oui, c’est vrai, j’avais oublié, vous pénétrez les âmes...

     L’étranger
         •    C’est presque ça, pénétrer et essayer de toucher l’âme...

     La serveuse:
         •    Vous pouvez prédire l’avenir?

    L’étranger:
         •    Je peux mais je ne le ferai pas.

     La serveuse:
         •    Pourquoi?

     L’étranger :
         •    Comment êtes-vous assise?

     Le serveuse (d’un air surpris):
         •    Comment je suis assise?

     L’étranger :
         •    Y a-t-il des œufs sur votre chaise?

     La serveuse:
         •    Ah ça! Non, je n’ai plus peur. Tient! Comment ça ce fait?...